Yves Engler, auteur et militant propalestinien basé à Montréal, est une figure active sur X. Dans une entrevue avec Dimitri Lascaris (Reason2Resist), il affirme avoir interpelé à de nombreuses reprises la journaliste Dahlia Kurtz sur ses positions, qu’il qualifie de progénocidaires.
Début juillet 2024, Kurtz le menace de poursuites sur X après qu’un internaute lui a suggéré de le bloquer. Elle tente ensuite de porter plainte au SPVM, mais celle-ci est rejetée faute de motifs. C’est alors qu’elle fait appel à Neil Oberman, un avocat montréalais connu pour ses interventions visant à interdire les manifestations propalestiniennes à McGill. Peu après, le SPVM décide d’accuser Engler, bien qu’il n’ait jamais proféré de menaces physiques.
Le 18 février 2025, Engler reçoit un appel du SPVM lui demandant de se présenter au poste de police. Il est formellement accusé de harcèlement envers Kurtz pour l’avoir qualifiée de « supportrice de génocide » et de « fasciste ». Engler assume pleinement ses propos, qu’il considère comme une critique politique légitime.
Lors de son arrestation, on tente de lui imposer des conditions strictes l’empêchant de parler publiquement de l’affaire, ce qu’il refuse. Son avocat craint que ces restrictions ne servent à justifier une nouvelle arrestation arbitraire. Un affrontement verbal éclate alors entre la défense et la police, menant à de nouvelles accusations contre Engler, qui est placé en détention pour cinq jours. Il raconte avoir mis ce temps à profit pour écrire, bien que l’accès au papier en prison ait été un parcours du combattant.
Une fois en Cour, la Couronne cherche à lui interdire toute discussion publique sur l’affaire. Finalement, un compromis est trouvé : Engler accepte de bloquer Kurtz sur X, une mesure qu’il perçoit comme une censure déguisée.
L’affaire s’inscrit dans un contexte plus large de répression des voix dissidentes. Le rôle d’un avocat politiquement engagé dans le dépôt d’accusations soulève des questions sur l’influence d’intérêts particuliers dans l’appareil judiciaire. L’emprisonnement d’Engler, combiné à la tentative de lui imposer un bâillon, illustre une volonté claire de limiter la critique politique.
Le paradoxe de la tolérance, formulé par Karl Popper après la Seconde Guerre mondiale, stipule que l’intolérance ne doit pas être tolérée. Si soutenir un génocide est acceptable alors que le dénoncer devient un crime, où s’arrête la liberté d’expression?