Sherbrooke, le 25 août 2017 — «Les violences sexuelles sur les campus, on fait fausse route!», titre accrocheur d’une entrevue radio, basé sur une opinion personnelle. Au cours d’une entrevue douteuse avec le Doc Mailloux réalisée par Steve Roy dans le cadre de l’émission «Que l’Estrie se lève» le 22 août 2017, il se dégage des attaques spécifiques à la campagne provinciale «Sans oui, c’est non!» pour prévenir les violences sexuelles sur les campus, à la ministre Hélène David et au mouvement général contre les violences à caractère sexuel. Le tout est évidemment agrémenté de propos discriminants et sexistes sur les femmes du Québec. Ce type d’entrevue vient encore une fois banaliser les violences sexuelles et discréditer les nombreux efforts pour y remédier.
Qu’en est-il maintenant de la RÉALITÉ? En 2016, lors de l’enquête ESSIMU (Enquête Sexualité, Sécurité et Interactions en Milieu Universitaire, NDLR) sur la violence sexuelle en milieu universitaire dans six universités québécoises, plus du tiers des 9284 personnes participantes (70,6% d’étudiants et d’étudiantes; 71,3% de femmes) ont rapporté avoir subi une forme de violence sexuelle depuis leur arrivée à l’université. Les résultats de cette enquête montrent que les femmes, les étudiantes, les personnes issues des minorités sexuelles et de genre et les personnes étudiant à l’université en provenance de l’international sont des sous-groupes rapportant davantage de violence sexuelle subie. Près de 50% des victimes rapportent avoir vécu au moins une conséquence associée à la violence sexuelle subie; par exemple, 16,9% d’entre elles ont rencontré des difficultés dans la poursuite de leurs activités à l’université et un peu plus de 10% ont changé de parcours scolaire, sportif ou professionnel ou ont eu l’intention de le faire. Les violences sexuelles sur les campus, nous faisons «fausse route»? Vraiment?
La majeure partie de l’entrevue est basée sur l’opinion du DrMailloux sur le consentement. Il insinue qu’il est ridicule de devoir donner un consentement verbal pour avoir une relation sexuelle. Toujours dans un effort de ridiculiser le concept du consentement, il demande au journaliste s’il a déjà utilisé ces phrases envers sa conjointe en contexte de relations intimes: «Est-ce que je peux t’embrasser? Est-ce que je peux te caresser les seins? Est-ce que ça t’intéresserait si je te caressais la vulve de ma langue?». Monsieur Roy qui répond à la négative ajoute que dans la vraie vie, ce n’est pas comme ça que ça se passe. Nous sommes d’accord! Et il est en partie LÀ le problème.
Monsieur Mailloux, Monsieur Roy, il y a effectivement différentes façons de demander le consentement sexuel: «Aimes-tu ça? As-tu du plaisir? Est-ce que ça te plaît?» Oui, le consentement, c’est une question qui se pose! Nous trouvons également dommage de devoir expliquer à M. Mailloux et M. Roy qu’il ne faut pas absolument verbaliser son consentement de la sorte! «J’ai mal à la tête» veut dire non, l’inaction veut dire non, avoir trop bu veut dire non. Et rappelons que le silence ne veut pas dire OUI.
Non, le consentement ne doit pas être établi dans un contrat notarié, il s’agit de s’assurer que les deux partenaires sont à l’aise avec les relations entreprises, avant et pendant. Rien de la sexualité d’une autre personne n’est un droit ou acquis, qu’on soit en couple ou non!
Au lieu de parler de la problématique des violences sexuelles dans les universités et de discuter des solutions possibles, on ridiculise le mouvement. Ce type d’entrevue détourne l’attention des réels enjeux! Nous questionnons la pertinence de véhiculer en ondes des fausses informations et des propos misogynes et rétrogrades comme il est le cas tout au long de cette entrevue. Nous souhaitons, en ce début du Mois d’échange et de sensibilisation sur les agressions sexuelles en milieu étudiant (MESSAGE) de Sherbrooke que les instances qui font la couverture médiatique de la problématique se rappellent qu’elles jouent un rôle important dans la prévention des violences à caractère sexuel et que c’est collectivement qu’on peut changer les choses.
Signataires:
- Le centre d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS) Agression Estrie
- Campagne Ni viande ni objet
- Association étudiante du cégep de Sherbrooke (AÉCS)
- Cégep de Sherbrooke
- Fédération étudiante de l’Université de Sherbrooke (FEUS)
- BU Students’ Representative Council (BUSRC)
- Mme Geneviève Paquette, professeure au Département de psychoéducation de la Faculté d’éducation de l’Université de Sherbrooke
- Collège Champlain-Lennoxville
- SEXed – Collège Champlain-Lennoxville
- Service de soutien aux hommes agressés sexuellement durant l’enfance (SHASE)
- Regroupement des étudiantes et des étudiants de maîtrise, de diplôme et de doctorat de l’Université de Sherbrooke (REMDUS)
- Université de Sherbrooke