L’un des services offerts par Le Réseau d’Amis de Sherbrooke consiste à jumeler une personne aînée à un bénévole qui lui rendra visite chaque semaine, question de placoter un peu, de jouer une partie de cartes, d’aller marcher… selon les intérêts et capacités de chacun. Ces jumelages se font de façon personnalisée, c’est-à-dire que l’on tente chaque fois de créer le «match parfait» et de jumeler deux personnes qui ont des tempéraments et des intérêts semblables: on met tout en œuvre pour favoriser le développement d’une relation de confiance et de complicité qui se rapprochera, on le souhaite, d’une relation amicale. L’histoire qui suit est inspirante.
Carmen a plus de 70 ans. Son réseau social est assez limité, et sa vie n’a pas souvent été rose. Elle avait beaucoup d’espoir lorsqu’elle a fait appel au Réseau d’Amis. Après quelques mois d’attente, Samir est arrivé dans sa vie: une surprise intergénérationnelle et interculturelle!
Dès qu’on fait allusion à son bénévole, les yeux de Carmen s’illuminent: «Mon beau Samir», nous dira-t-elle à plusieurs reprises durant l’entrevue. De toute évidence, elle a beaucoup d’affection envers lui, et elle nous dira à quel point elle est reconnaissante de tout ce qu’il fait pour elle. «Il est comme un fils pour moi… Il me protège», confiera-t-elle en parlant des moments où ils font une sortie ensemble.
Samir, lui, est d’origine marocaine, et il vient de terminer ses études en administration. Il a toujours aimé aider les gens, être là pour eux. Ayant immigré seul au Québec, Samir n’a pas peur d’ajouter que son bénévolat lui apporte une forme de soutien émotionnel. «Au mois de juin, je me suis fait voler mon ordinateur. J’ai ainsi perdu toutes mes données personnelles ainsi que ma thèse, que j’étais sur le point de déposer pour l’université. Je ne sais pas pourquoi, Carmen a été l’une des personnes que j’ai appelées spontanément pour confier mon malheur», raconte Samir.
Il nous explique comment son lien avec Carmen s’est créé: «Au début, j’allais chez elle et je lui demandais comment s’était passée sa semaine, ce qu’elle entrevoyait pour la prochaine…». Puis, au fil du temps, le lien s’est développé. «Nous parlions de mon pays, elle me posait des questions sur ma famille, nous discutions de nos points de vue respectifs sur un sujet et l’autre…» Dès le départ, la communication, le respect et l’ouverture prendront une place importante dans leurs rencontres. Ainsi, tous les deux s’entendent tout de suite sur le fait que la routine ne doit pas s’installer entre eux. De plus, chacun saura respecter les disponibilités de l’autre.
Parmi les beaux moments qui rendent ce jumelage si inspirant, il y a celui où Samir invite sa jumelée à sa graduation: «Je pouvais amener quatre personnes, il y a eu ma copine, un couple d’amis ainsi que Carmen… Au souper après la graduation, je n’ai jamais vu Carmen rire autant». «Cette journée-là, elle m’a offert des fleurs… Je ne peux me décider à les jeter».
Un autre beau moment qu’ils nous ont partagé: «Carmen me disait que ça faisait un an qu’elle tentait de rejoindre un ami, parti en mission à Haïti. Elle n’avait plus de nouvelles». Samir étant habile en informatique, il a retrouvé cet ami après quelques recherches sur internet. La semaine suivante, Samir a organisé des retrouvailles grâce à Skype. «Carmen parlait trop fort, comme si elle croyait que son ami était très loin et n’entendrait pas. C’était drôle».
Ce que cette relation apporte à Carmen? «Samir est doux, franc… Ces rencontres sont précieuses et sa présence me rend heureuse. À chaque fois, ça m’énergise!» À la même question, Samir répondra: «Ça me donne une raison d’être, un sens de la vie qui n’est pas matériel… le côté humain est réveillé».
Cette belle relation entre un bénévole et une bénéficiaire du Réseau d’Amis de Sherbrooke nous confirme que non seulement l’organisme sort des gens de leur solitude, mais il crée également, parfois, de belles amitiés!