La pauvreté est un problème complexe et si nous voulons avoir une emprise sur celui-ci, nous devons l’agripper par les cornes. Malheureusement, le gouvernement le voit plutôt comme une patate chaude, dont il ne veut pas s’occuper. C’est pourquoi il a décidé de régionaliser ce dossier tout en profitant du fait que les Conférences régionales des élu(e)s souhaitent avoir plus de mandats et de responsabilités.
Donc, devant un grave problème national, le gouvernement québécois abdique en ne mettant aucune mesure nationale significative de lutte à la pauvreté en place et en donnant aux paliers régional et local (MRC) la responsabilité de trouver des solutions adaptées à leur réalité.
C’est donc dans la foulée de cette régionalisation que les intervenants intéressés par la lutte à la pauvreté ont été conviés au Forum estrien pour la solidarité et l’inclusion sociale, un nouveau terme gouvernemental créé pour rendre plus positive la pauvreté.
Le forum
C’était une belle activité, avec plusieurs acteurs sociaux très intéressés par la lutte à la pauvreté et à l’exclusion sociale qui se réunissaient pour discuter des réalités sur le terrain et de solutions adaptées à leur situation. Des intervenants de partout : des groupes communautaires, des réseaux de la santé et de l’éducation, des élus, des fondations, des MRC, etc. Seuls les pauvres n’y étaient pas.
Quelques intervenants ont pris la parole pour présenter leur vision et lancer les échanges en ateliers. Les participants étaient divisés par MRC et ceux qui ont des mandats régionaux ont été divisés parmi les MRC.
Les discussions ont été intéressantes – parfois nous touchions à des éléments de la vraie lutte à la pauvreté – mais peu d’applications concrètes accompagnaient ces idées. Par contre, on sentait l’omniprésence de l’argent : « Qui va avoir l’argent? », « Comment va-t-il être divisé? » ou « Quels projets vont être financés? », mais jamais dans le sens de « Combien dans les poches des plus pauvres? »
À venir
Un comité responsable du déploiement en Estrie verra à bâtir un cadre administratif pour l’implantation des projets. Les intervenants des différentes MRC devront bâtir des plans d’action locaux pour la solidarité et l’inclusion sociale (contre la pauvreté et l’exclusion). Chaque MRC aura à se concerter sur le terrain et autour des projets qu’elle mettra en place afin de répondre le mieux possible à sa réalité locale.
Cela dit, la CRÉ et les MRC n’ont pas le pouvoir d’augmenter les revenus des personnes survivant de l’aide sociale, de construire de nouveaux HLM ou de créer des programmes qui auront pour effet de donner plus d’argent aux citoyens et aux citoyennes pauvres. Ils ne peuvent pas, non plus, redistribuer la richesse différemment. Donc, il y a peu de chances que naissent de réels projets de lutte à la pauvreté.
L’auteur est porte-parole de la TROVEPE.