Stablex ou l’art de masquer la vérité !

Date : 7 avril 2025
| Chroniqueur.es : Pierre Prud’homme
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« Il faut être capable de prendre ces décisions-là pour le bien de l’ensemble des Québécois ! »

Voilà comment, d’un air frondeur, notre premier ministre François Legault, justifie lre cours au bâillon pour accélérer l’adoption du projet de loi 93 qui vise à transférer un terrain de la municipalité de Blainville à la compagnie américaine Stablex, spécialisée dans l’enfouissement des déchets dangereux.

Non seulement M. Legault prétend-il parler en notre nom, mais il s’octroie une supposée dose de de courage que n’auraient pas les personnes qui s’opposent à l’adoption du projet de loi 93.

Quelques semaines à peine après le fiasco de NorthVolt, avec la destruction de milliers de mètres carrés de milieux humides et la dilapidation de centaines de millions de dollars de fonds publics, nous voilà à revivre le même scénario avec le dossier de Stablex : empressement, manque de transparence, absence d’écoute!

Une étude cachée et des faits occultés

Il serait malhonnête de remettre en question la crédibilité et la légitimité des personnes qui, au nom du bien commun, contestent la décision du gouvernement Legault, à commencer par la mairesse de Blainville, Mme Liza Poulin et son conseil, appuyés en cela par la CMM (Communauté métropolitaine de Montréal), des fédérations municipales, des agriculteurs, des groupes écologistes et le BAPE (Bureau d’audiences publiques sur l’environnement) qui a exprimé un avis négatif sur ce projet. Cela commence à faire beaucoup de monde!

À qui faut-il faire confiance pour la défense de nos intérêts quand le gouvernement et Stablex refusent de rendre publique l’étude que cette dernière a commandée à Englobe sur la valeur écologique du terrain convoité ? À qui se fier quand la ministre des Ressources naturelles et des Forêts, Mme Maïté Blanchette Vézina, affirme qu’on a affaire à un « terrain dénaturé et desséché » et qu’il n’y a plus de tourbières « depuis longtemps », alors que l’étude même d’Englobe, dont elle a surement pris connaissance, la contredit et rappelle qu’on retrouve 97 237 mètres carrés de tourbières dont le « rendement des fonctions écologiques … est élevé » ?

Ce terrain compte une superficie de milieux humides deux fois plus importante (278 000 mètres carrés) que celle qui a été détruite par NorthVolt. Selon le GIEC (Groupe international d’experts sur l’évolution du climat), ces milieux sont essentiels à la biodiversité et à la lutte contre la crise climatique, cruciale pour les générations futures.

Une gestion douteuse des ressources québécoises

Dans une autre perspective, au cœur d’un contexte de guerre tarifaire avec le gouvernement américain et des menaces qu’il fait peser sur notre souveraineté, comment se fait-il qu’on n’ait pas trouvé d’entreprises québécoises compétentes pour gérer nos propres déchets, de sorte que nos fonds publics mettent à profit les compétences des gens d’ici ?

Surtout, face au président Trump qui répète qu’il n’a pas besoin de nous, pourquoi faudrait-il qu’on sacrifie nos milieux naturels de haute qualité pour servir de poubelle pour ses déchets dangereux ?

Devant le refus par le gouvernement Legault d’accepter la proposition de la CMM d’une solution de rechange qui aurait permis à Stablex de s’installer sur un autre terrain appartenant déjà au gouvernement, nous appuyons fortement la ville de Blainville et la CMM dans leur contestation du projet de loi 93 car, contrairement à M. Legault, nous ne croyons pas que sa décision sert l’intérêt des générations présentes et futures Québec. 

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