Le 18 novembre dernier, je me suis rendu au studio 108 du Centre des Arts Jean-Besré (CASJB) pour assister à la lecture publique de « Les lanternes oubliées ». Je ne connaissais pas encore le théâtre des Petites Lanternes, mais en entrant dans le studio, le ton était immédiatement donné parce que dans l’entrée sous un banc de parc, le personnage de Rolland faisait mine de dormir.
La salle avait un air de cabaret et sur les tables, on faisait une belle allégorie. De petites lanternes éclairaient la salle, comme le titre original de la pièce parlait d’une planète en quête de lumière.
La pièce qui allait jouer sous nos yeux a maintenant plus de 25 ans et traite de l’itinérance et des gens qui la subissent. Lors d’une discussion avec Angèle Séguin, la directrice artistique, j’ai appris que si le texte a été écrit à la fin des années 90 et que la première lecture a duré 8 heures, le texte n’a pas eu à changer outre mesure. Il est ainsi demeuré le même depuis 1998 ; hormis une relecture pour le ramener à une durée de 90 minutes.
Les comédiens comme la technique se sont présentés tour à tour de façon ludique. Ainsi jouaient Cyril Assathiany dans le rôle de Daniel, Illia Castro dans le rôle de Margarita, Ann-Catherine Choquette dans les rôles de Jaqueline et de La Puce, Alexandre Leclerc dans les rôles de Le Smack et de Rolland, Paméla Dumont dans le rôle de Caro, Papy Maurice Mbwiti dans les rôles de Victor et de Édouard et finalement, Maria-Louise Napinou dans le rôle de Aniesh. La directrice artistique, Angèle Séguin s’occupera de la narration accompagnée de Andy Bourgeois à la musique et de Julien Saint-Pierre à l’éclairage. La mise en scène, elle, se fera dans nos esprits.
Chaque comédien, devant son lutrin, déclamait ses répliques en laissant place à des interactions entre les personnages, mais aussi avec le public. De temps à autre, les comédiens sollicitaient notre participation soit en offrant une copie du journal communautaire ou encore en demandant notre avis sur tel ou tel sujet. La lecture voguait et s’opérait par grands thèmes. C’est-à-dire les thèmes de l’itinérance : La guerre et la quête de refuge, la pauvreté, l’exclusion et la marginalisation, la santé mentale, la violence, le travail du sexe ou encore les dépendances. Dans un moment émotif, on a aussi trouvé le courage d’aborder la mort. La question qui, je crois, était immédiatement sous-entendue c’est : qui se souvient de ceux et celles qui sont morts dans la rue ?
La pièce s’est conclue en nous demandant symboliquement de faire une fleur à ceux et celles qui n’ont d’autre choix que de vivre dans la rue. Les comédiens sont venus nous rejoindre et nous avons pu échanger autour de bouchées et de mocktails.
Je me suis plaint, dans les dernières années, de l’absence relative de théâtre à Sherbrooke. Je vois maintenant à quel point j’avais tort parce que l’absence n’était relative qu’à l’omniprésence des salles de spectacle d’où j’origine. Le CASJB est une merveilleuse ruche artistique où il fait bon se rendre. Jules Renard a dit : « Nous voulons de la vie au théâtre et du théâtre dans vie ». Je dis donc merci à tous les acteurs, de la comptabilité jusqu’à la direction artistique, des comédien·ne·s jusqu’aux communications en passant par la technique, qui rendent le tout possible ici à Sherbrooke.
Si vous le pouvez, faites un don à La Parolière ou à tout autre organisme qui vient en aide aux personnes en situation d’itinérance.