« LA CONSTRUCTION COLLECTIVE EST FONDAMENTALE POUR FAIRE FACE AU MONDE D’AUJOURD’HUI ET DE DEMAIN. LA CRISE A ÉGALEMENT MIS EN ÉVIDENCE LA SOLIDARITÉ ET LA CONSTRUCTION D’ALTERNATIVES, EXISTANTES ET NOUVELLES, QUI DOIVENT ÊTRE LE MOTEUR DE NOS FUTURES ACTIONS COLLECTIVES. NOUS NE REVIENDRONS PAS À LA “NORMALITÉ” DE LA VIOLENCE, AUX SITUATIONS PRÉCAIRES. LE CAPITALISME N’A RIEN À OFFRIR À NOS PEUPLES, SEULEMENT LA VIOLENCE, L’EXPLOITATION ET LA MORT ».
« Ce que nous disons aujourd’hui était fondamental hier et le sera encore demain. Il est temps de promouvoir de nouvelles valeurs, il est temps d’organiser la résistance, de renforcer les connaissances locales et la création de connaissances et l’apprentissage participatifs, de produire sur nos territoires, de nourrir le monde et de préserver la planète et l’humanité. Il est temps de renforcer la solidarité, d’exercer la résistance, de cultiver l’espoir », Appel du 1er mai 2020, Via Campesina (Voie Paysanne).
La planète Terre est malade tout comme le système dominant les sociétés humaines l’est aussi. La crise systémique actuelle, dépassant largement le cadre sanitaire de la pandémie, soulève les fragilités, les souffrances, les inégalités, les oppressions et aussi l’entraide et les solidarités. Notamment avec les travailleu·r·se·s essentiel·le·s vivant souvent aussi dans la pauvreté. Effectuant un travail invisible et dévalorisé, leur apport est fondamental dans la reproduction sociale et économique et il est effectué par les femmes en forte majorité dans la santé, les soins et les services directs à la population.
Le travail migrant est aussi mis à l’avant-plan avec ces agences qui utilisent cette main-d’oeuvre dans les résidences pour personnes âgées, mais également dans plusieurs usines, commerces et entrepôts. La régularisation de toutes les personnes sans-statut est une nécessité absolue car cette société en tire un apport sans leur reconnaître la permanence de leur résidence. Pire, après avoir travaillé ici plusieurs mois ou plusieurs années on les enferme en prisons et on les déporte jugeant leur demande d’asile comme personne réfugiée non recevable. Jetable après usage.
L’industrie alimentaire nord-américaine produit grâce au travail temporaire externe. Incluant la production biologique. Dix-sept mille personnes étaient attendues cet été au Québec. Un nombre en croissance importante provenant surtout du Mexique et du Guatemala. Dans la Tribune du 20 avril nous lisions cet extrait : « Selon M. Blain (de la ferme biologique de 90 acres Les Vallons maraîchers de Compton), un travailleur étranger peut exécuter environ une fois et demie le travail d’un Québécois. Il estime qu’il prendrait 20 Québécois pour remplacer 12 Guatémaltèques. “Ce sont des gens qui restent en majorité en campagne. Ils sont sélectionnés en fonction de leur expérience dans les champs. Ils savent à quoi s’attendre, c’est un travail assez difficile. Je ne veux pas dire que les Québécois ne sont pas capables de le faire, mais on a perdu contact avec l’agriculture” » (La Voix de l’Est). Une main-d’œuvre spécialisée payée selon le marché du travail… soit pour des peanuts. Non seulement dans les pays du Sud global la production agricole est axée sur l’exportation de monocultures et les transnationales mènent la game, mais en plus on tire de la valeur du travail temporaire migrant ici. Les personnes en bas de la société sont la base de celle-ci. C’est la normale qui n’est pas sur Terre.
Pendant ces deux mois de crise, selon Forbes, les 600 ultrariches aux États-Unis au sommet accumulaient des milliards de dollars. Leur richesse extrême s’est vue enfler de 434 milliards $US, dont 30% de plus seulement pour Jeff Bezos d’Amazon, qui atteint une fortune totale de 148 milliards $… plusieurs fois la richesse de pays entiers habités de millions de personnes. Normal pour le capital. Dommageable pour la majorité d’humains et pour les écosystèmes, comme les forêts de l’Amazonie. Pas celle des marchandises achetées en ligne à bas prix, mais la vraie, la riche, la sacrée, détruite pour l’agro-business, mais avec des résistances des communautés autochtones. Cela illustre la cause profonde de la crise actuelle : la détérioration et la déconnexion des sociétés humaines avec les écosystèmes (IRIS).
Nous avons besoin d’une autre société, d’une autre économie du prendre soin que ce soit au niveau mental, physique ou territorial avec l’éducation et la culture émancipatrices au cœur. Au lieu que la compétition, le productivisme et les profits privés sans fin soient la raison d’être de ce système. Ce n’est pas un retour à la normale qui va permettre cela, bien au contraire. C’est par des luttes dans nos milieux de travail, et de vie, entre autres pour des revenus décents universels, des services publics gratuits et de qualité, et pour que le bien-être, le bien-vivre soient primordiaux. Pour une décroissance décoloniale, solidaire, féministe, internationaliste avec autogestion et socialisation démocratique au centre du processus. Pour résumer: d’abord la vie, pas les profits. Guérir la population, guérir le territoire en s’inspirant des communautés Wet’suwet’en qui protègent leur terre du gazoduc qui n’a jamais cessé sa construction durant la pandémie.