Le 6 octobre dernier, plus d’une centaine de personnes se sont réunies devant l’hôtel de ville de Sherbrooke durant tout l’après-midi, à l’invitation d’une coalition de groupes ayant répondu à l’appel des AmiEs de la Terre de l’Estrie.
La musique du Tchernobyl Blues Band a accueilli les participants et ponctué les discours. L’événement a eu lieu quelques jours avant le passage à Sherbrooke de la Commission sur les enjeux énergétiques du Québec.
Trois mois exactement après l’accident tragique de Lac-Mégantic et devant la crise climatique et environnementale, ce collectif de citoyens et de groupes en appelle à une véritable transition énergétique vers l’après-pétrole. «Le dernier rapport du GIEC confirme encore une fois à quel point la planète va mal et nous rappelle qu’il est urgent d’agir pour ralentir le réchauffement climatique. Dans ce contexte, nous venons d’abord dire non aux projets d’exploitation et de transport du pétrole et autres énergies sales au Québec. Mais nous voulons aussi proposer des solutions de remplacement, comme le développement du transport en commun et des énergies renouvelables et la densification des villes», affirme Geneviève Laroche, citoyenne de Waterville et membre du comité organisateur de l’événement.
Des conférenciers ont abordé plusieurs thèmes reliés aux enjeux énergétiques. Dans un premier panel, on a fait l’état des lieux de la situation énergétique et environnementale et des projets actuels de transport et d’exploitation du pétrole au Québec. Marie-Josée Béliveau, de la Coalition Vigilance Oléoduc, est venue rappeler que «le seul projet d’inversion du pipeline 9B de Sarnia vers les États-Unis risque d’augmenter la production des sables bitumineux de 12 %». Or, la production d’un seul baril de sables bitumineux émet trois à cinq fois plus de gaz à effet de serre qu’un baril de pétrole conventionnel. Pour produire un baril de pétrole, il faut deux tonnes de sables bitumineux, plus de cinq barils d’eau et l’équivalent en gaz naturel d’un foyer qui brûle pendant une journée et demie. Le groupe 350 Maine, quant à lui, est venu parler de sa lutte contre le transport du pétrole par train aux États-Unis.
Le second panel proposait des options alternatives pour sortir de notre dépendance aux énergies fossiles. Andrés Fontecilla, co-porte-parole de Québec solidaire, est venu parler du Plan vert de son parti qui vise à créer 166 000 emplois dans des secteurs d’avenir : «Nous pouvons faire des énergies vertes un moteur de développement économique et exploiter nos ressources naturelles de manière à en maximiser la valeur pour tous les Québécois tout en respectant l’environnement», dit-il. André Nault, des AmiEs de la Terre de l’Estrie, et Serge Mongeau, éditeur et représentant du Mouvement des villes en transition, croient qu’on ne peut sortir des énergies fossiles sans développer notre économie locale : «Le Québec importe la grande majorité de la nourriture qu’il consomme. Pour sortir du pétrole, il faut privilégier les circuits économiques courts et donc prioriser l’agriculture locale», affirme André Nault. «La Suède est un pays qui donne l’exemple à suivre», croit Antoni Daigle, qui œuvre au Conseil régional de l’environnement de l’Estrie. «Ce pays a fait le choix d’une économie sans pétrole pour 2020.»