De nombreux organismes publics canadiens maintiennent leurs comptes sur Facebook et Instagram — des plateformes de Meta — ainsi que sur X (anciennement Twitter), propriété d’Elon Musk.
Malheureusement, la situation géopolitique et le rôle des grands fournisseurs des technologies des médias sociaux et de l’intelligence artificielle (IA) ont changé dramatiquement depuis les élections du nouveau président des États-Unis.
Face à la guerre commerciale engagée contre son plus proche allié, le Canada — un geste perçu comme une trahison — et en protestation contre ce que l’on pourrait qualifier d’intimidation à l’échelle mondiale, je crois qu’il est impératif, pour des raisons éthiques, de boycotter les oligarques étatsuniens et de fermer nos comptes sur ces plateformes. En parallèle, nous devons établir des plateformes nationales offrant des services équivalents, voire supérieurs. Nous devons aussi renforcer l’enseignement de l’éthique à tous les niveaux : scolaire, académique et professionnel.
Rappelons qu’en février 2021, en pleine pandémie, Facebook avait banni les nouvelles sur ses plateformes australiennes en réponse à un projet de loi qui obligerait les entreprises technologiques à rémunérer les groupes de presse du pays.
Imaginez l’ampleur de cette domination, alors que les principaux propriétaires étatsuniens des médias sociaux et des technologies d’IA viennent de conclure un pacte avec le nouveau dirigeant : une personnalité narcissique qui a été poussée par ses partisans « against all odds ». Malheureusement, la diffusion de fausses informations et l’intimidation, sans aucune considération éthique, figurent parmi ses principales stratégies.
« Un boycott individuel reste symbolique. Il serait plus efficace que les institutions ferment leurs comptes. »
J’ai déjà supprimé mes comptes sur Meta et je n’ai jamais adhéré à X. Toutefois, un boycott individuel reste symbolique. Je suis conscient qu’il serait bien plus efficace que les établissements gouvernementaux, scolaires et universitaires canadiens ferment leurs comptes institutionnels. Ces derniers offrent une visibilité et une légitimité aux plateformes, tout en générant du trafic qui alimente leur modèle publicitaire. Je comprends que ces institutions aient initialement vu dans ces réseaux un moyen efficace de communiquer avec la population.
Cependant, leur présence soulève des enjeux éthiques et stratégiques majeurs. Ces plateformes ne sont pas neutres : elles modulent la diffusion de l’information en fonction de leurs algorithmes opaques, exploitent les données personnelles des utilisateurs et peuvent même, comme l’a montré le cas australien en 2021, censurer des contenus en fonction de leurs intérêts commerciaux. En continuant à y participer, nos institutions publiques renforcent involontairement un écosystème où l’utilisateur n’est pas le client, mais le produit. Mes réflexions pourraient s’étendre aux autres ressources des technologies informatiques et de l’IA. Le quasi-monopole des entreprises des deux grandes puissances, les États-Unis et la Chine, ne constitue-t-il pas une menace pour notre sécurité, surtout lorsque l’une d’elles remet en cause notre souveraineté ?
Notez que j’évite délibérément d’utiliser le terme « Américains », qui devrait désigner les habitants des Amériques et non d’un seul pays.
Nouvelle logique du 21e siècle
Je propose le terme « logique trumpienne » pour désigner une nouvelle logique se manifestant au 21e siècle. Elle est fondée sur le principe que tout énoncé, réitéré suffisamment de fois, devient vrai. La question du seuil nécessaire de répétition pour qu’un énoncé soit perçu comme vrai pourrait faire l’objet d’étude scientifique.
Ce principe a été prononcé publiquement dans la première campagne électorale de monsieur Trump. Cependant, il était bien connu et a servi abondamment à l’époque comme outil clé de la propagande soviétique. Ainsi, pour des raisons de justesse et de droit d’auteur, son nom complet pourrait être « logique Putin-Trump ».