Le Maxiclub de Sherbrooke propose présentement une promotion dans laquelle le pourcentage de gras du client lui fait bénéficier d’un pourcentage de rabais équivalent sur son prochain abonnement. À mon avis, ceci risque d’avoir des effets pervers en nourrissant notamment les préjugés et les construits sociaux à connotation négative entourant la nécessité de perdre du poids à tout prix. Est-ce qu’on oublie le plaisir dans le but de se conformer aux normes?
En prenant le temps d’analyser attentivement l’affiche, quelque chose me saute rapidement aux yeux: la balance indique 0 et le ruban à mesurer semble avoir de la difficulté à en faire le tour. Encore une fois, la balance est le symbole d’une relation obsessive avec son poids. Ce type d’image encourage le contrôle du corps et nous prescrit l’entraînement physique comme la pilule miracle pour atteindre le bonheur et la santé. La société véhicule le message que la pratique d’activité physique garantit systématiquement la perte de poids et donc la santé.
D’ailleurs, le Maxiclub se dit spécialiste en matière de santé, il devrait donc savoir que la perte de poids n’est pas un processus linéaire et est influencée par de nombreux facteurs. Cela passe, entre autres, par de saines habitudes de vie, une acceptation de soi ainsi que l’écoute des signaux de faim et de satiété. Selon la promotion, la perte de poids est vue comme l’objectif ultime et devient un marqueur de réussite alors que les raisons de s’inscrire au gym sont diverses.
Allons-nous systématiquement au gym pour perdre du poids? Absolument pas! Certains le font pour participer à des activités, tisser des liens ou se défouler. Pour ma part, c’est pour surmonter des défis, diminuer le stress dans ma vie et mieux dormir la nuit.
Cette publicité me dérange par sa nature discriminante, stigmatisante et dégradante. L’idée de mesurer mon pourcentage de gras tourne indéniablement le fer dans la plaie. Croyez-vous réellement que j’ai envie de me faire peser à la caisse à la vue de tous, comme du bétail qui a une valeur monétaire? Certainement pas! Ce coup de marketing qui utilise la vulnérabilité des gens pour se remplir les poches est à reconsidérer. Cette promotion exerce une pression pour l’atteinte d’un standard de beauté inaccessible valorisé par notre société. J’ai l’impression de ramer à contresens dans cette tempête de messages qui rend difficile l’acceptation de mon corps tel qu’il est.
Sur ce, reconsidérons notre façon de voir l’activité physique en misant sur le plaisir et réévaluons la façon dont nous en faisons la promotion. En tant que société, bannissons tout message qui nourrit performance, culte de beauté, minceur et pression. Quoi qu’il en soit, aimons nos corps dans leurs unicités, leurs diversités et originalités.
Mohamed-Ali Arfa est membre d’Arrimage Estrie. Avec la collaboration de Sarah Rivard, stagiaire à Arrimage Estrie.