Première chronique du Vivant : BIOMASSE

Date : 1 décembre 2024
| Chroniqueur.es : Guillaume Manningham
Catégories :
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Crédit image : Alter_Nativas_lek

La Terre n’appartient à personne, nous appartenons à la Terre. Plutôt que de maitriser la nature, être en relation avec elle change la perspective et la place des êtres humains. L’arrogance fait place à l’humilité. Ces êtres que nous sommes sont la seule espèce actuelle de mammifères hominidés de son genre homo. Les humains ne sont pas au-dessus des autres espèces vivantes, mais font partie du Vivant.

Voilà quelques bases qui me motivent à partager avec vous ces chroniques du Vivant dans les prochaines parutions d’Entrée Libre. Cultivant la terre dans la périphérie sherbrookoise et dans un souci de lier ces deux mondes souvent étrangers et méfiants l’un envers l’autre, je me réclame d’une certaine « ruracité ». Les chroniques se termineront sur des pistes, des lectures, des espaces, des projets, des évènements intéressants reliés à l’écologie et au désir de désarmer la destruction en cours, autant au niveau social qu’environnemental. Avec un souci de mettre en pratique « du local au global, et vice-versa ».

Dans l’ouvrage « Guérir du mal de l’infini ; produire moins, partager plus, décider ensemble » d’Yves-Marie Abraham nous pouvons avoir le mal d’époque en lisant que l’effondrement de la biodiversité atteint 50 % des espèces vertébrés et que cela s’accélère et mènera bientôt à 75 % ! Également, on y apprend que seulement 2 % de la biomasse des vertébrés terrestres sont des animaux sauvages au début des années 2000 tandis que c’était 50 % en 1900 ! Et le poids total de la biomasse vertébrée terrestre est passé de 450 millions de tonnes à 1350 millions de tonnes, en 100 ans ! Et le facteur majeur n’est pas l’augmentation de la population humaine en tant que vertébrée, mais bien les animaux d’élevage servant à nourrir cette population humaine. Ou plutôt à nourrir les profits des compagnies agro-industrielles, car nous verrons dans ces chroniques que l’alimentation, chose essentielle et de base à la vie, est dans les mains de gens obéissant à la marchandisation du monde, au lieu de nos besoins.

Donc, le règne animal actuel au niveau de la planète Terre est dominé par quatre genres d’espèces domestiquées ; volailles, porcins, ovins (moutons) et bovins. Et la diversité génétique a diminué dans chacun des genres. Au lieu d’y voir une responsabilité commune à toute l’espèce humaine, peu importe son époque et son rôle socio-économique (nous sommes des animaux sociaux mêmes sous la gloire du Me, myself and I), on peut y voir une responsabilité de notre organisation collective en système, c’est-à-dire un système capitaliste patriarcal et colonial. En regardant le fait que c’est surtout depuis l’extension à l’échelle mondiale du capitalisme industriel au 20e siècle que le massacre et la disparition d’espèces se déroulent, cela nous permet de cibler la responsabilité de la situation actuelle. En nous laissant aussi désirer de lutter pour transformer la situation et changer de système ce que les êtres humains sont capables de faire.

Oui, oser remettre en question et faire autrement que la loi du marché, privilégier la valeur d’usage au lieu de la valeur d’échange, penser et concrétiser des communs au lieu de la privatisation du monde, ce n’est pas remettre en question la loi de la gravité ! C’est proposer et cultiver des rapports sociaux différents répondant à nos besoins et ceux du Vivant. De continuer à dire que rien ne peut, ne va changer conforte les gens au sommet de la pyramide sociale de richesse et de pouvoir qui se réjouissent de cette croyance fataliste très répandue. J’ai souvent l’impression que le frein et les limites de nos luttes prennent racine dans nos têtes et dans nos cœurs, c’est-à-dire que c’est nous-mêmes qui nous nous réprimons, isolé.es et désorganisé.es.

Pour terminer sur des notes positives, je vous propose d’ouvrir nos perspectives avec mon livre 2024 recommandé : Premières secousses (La fabrique) sur le mouvement des Soulèvements de la Terre en France. Semble-t-il qu’il y a les Soulèvements du Fleuve ici, à suivre ! Disponible gratuitement en balado. Et pour votre alimentation et vos offrandes du temps des Fêtes, pourquoi ne pas regarder le Marché de solidarité régionale des AmiEs de la Terre de l’Estrie. S’abonner coûte 20 $ annuellement et ensuite vous faites vos commandes en ligne et vous récupérez vos aliments au local situé au 843 rue King Ouest et aussi ouvert pour achat sur place sans être membre. Un OBNL qui supporte des jardins nourriciers, fait de l’éducation populaire écologique et construit une infrastructure de distribution de la production alimentaire locale en tant qu’épicerie.

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