Malraux écrivait qu’une personne « est la somme de ses actes, de ce qu’il fait ». Nous laissons témoigner tes habitudes et tes choix, chère amie.
Choisir un mantra pour partir en voyage, comme on choisit de bonnes chaussures. Écrire des articles pour partager les points de vue d’acteurs de changement ordinaires. Refuser de se procurer un téléphone intelligent pour continuer à combler du temps libéré de lectures, de rencontres impromptues, de contemplation. Interviewer une amie en bonne et due forme, voix captée sur un enregistreur, pour lui faire raconter un voyage comme elle n’a jamais pu en parler aussi longuement à autrui. Se contenter d’un frigo de 2 pieds cube et vivre de produits soldés près de la date de péremption. Remplir des pages et des pages de cahier d’une calligraphie souriante toute en spirales, la musique dans les tympans. Acheter des crédits carbone pour la publication de recueils de texte et de livrets à petit tirage reliés à la main.
S’émerveiller de la lune qui visite le salon par la fenêtre. Voyager dans plus de 40 pays dans le monde, seule avec Jack, le sac à dos ; puis s’engager à ne plus jamais prendre l’avion par souci de réduire ses émissions de CO2. S’arrêter pour saisir le chant d’une vieille fontaine sur une pellicule. S’habiller et se meubler seconde main. Pleurer la disette de temps que le capitalisme et le néolibéralisme infligent à ses ami.e.s ; décrier leur manque de temps pour philosopher. S’attaquer aux sujets les plus tabous qui soient, pour les rendre encore plus tabous. Mettre ses talents et ses connaissances au service des nombreuses organisations communautaires ; multiplier les contrats et tolérer les conditions précaires. Faire une sieste d’après-midi à l’extérieur. Marcher ; refuser de posséder une voiture ; prendre le bus interurbain. Se laisser pénétrer par tout ce qui existe ; l’émerveillement sans filtre à café, pur. Transformer ses indignations en publications de blogues, en conférences, en kiosques d’information. Refuser de compétitionner avec les notifications électroniques dans cette lucrative économie de l’attention. Marcher encore. Faire un festin de chocolat et de protéine végétale texturée mouillée de sauce piquante. Aimer déshabiller les propos d’autrui, gentiment, dénuder leur incohérence, avec leur consentement (parce que c’est une amie qui nous aime). Impossible de s’arrêter après avoir refait le monde: il fallait compléter avec le procès de Dieu. Quitter le party en catimini sans câlin d’au revoir.
Merci pour ton anticonformisme. Nous saluons tes refus. Salutations et merci au Prof. Lebrun : notre inspiration climatique. THC : CHT la Nature…et alors l’esprit s’éclate.. ?.. : fécondation des ondes (Fanie qui fabulle…fa que…).
« […] Je réalise pour vivre
Je vis pour changer
Pour me reconstruire
me libérer […] »– Fanie Lebrun, Silence du présent, 2021.