12 novembre 2015. Assise avec Pierre Jasmin autour d’une table du Café Pierre Jean Jase, nous sommes ensemble pour jaser. Ce pianiste, ancien professeur titulaire au département de musique de l’UQAM maintenant à la retraite, nous parle des Artistes pour la paix (APLP). Enveloppée dans la musique folk de Bruce Springsteen, je me lance:
Pascale Camirand Monsieur Jasmin, pouvez-vous nous dire qui sont les Artistes pour la Paix et depuis quand cet organisme existe?
Pierre Jasmin Les Artistes pour la paix, nés en 1983, étaient associés à une organisation internationale chapeautée par Liv Ullman et Harry Bellafonte, Performing Artists for Nuclear Disarmament: dans les années 80, la prolifération des armes nucléaires inquiétait davantage qu’aujourd’hui, à cause de la guerre froide.
Pascale Camirand Qui était à l’origine de l’organisation québécoise?
P.J.Lors de la première réunion, il y avait pas moins de 60 artistes, dont nos membres toujours présents Raoûl Duguay, Yvon Deschamps et ma co-vice-présidente à l’engagement indéfectible, Judi Richards. Notre premier président était Jean-Louis Roux.
Pascale Camirand Étiez-vous présent?
Pierre Jasmin Je me suis joint à ce beau groupe à la demande du chanteur d’opéra Joseph Rouleau, qui me souhaitait à la vice-présidence. J’ai ensuite succédé à Antonine Maillet comme président et y suis resté bien des années. Mais je suis particulièrement fier de la relève! Notre présidente actuelle est Guylaine Maroist, une jeune cinéaste qui a tourné God save Justin Trudeau et auparavant Gentilly or not to be, qui a contribué à faire fermer cette centrale nucléaire. Les premières réussites des APLP avaient d’ailleurs concerné l’armement nucléaire: nous avons réussi à faire annuler une commande de sous-marins nucléaires prévue par le gouvernement Mulroney et avons incité le maire Doré à faire que Montréal devienne Zone Libre d’Armement Nucléaire (ZLAN).
Pascale Camirand Parlez-nous d’autres engagements marquants des APLP?
Pierre Jasmin Que ce soient le conflit d’Oka avec les Mohawks ou encore la guerre en Afghanistan, nous étions là pour envoyer des lettres, des pétitions, participer à des manifestations et créer des événements culturels de solidarité avec les opprimés. En 1991, année de la première guerre d’Irak, nous avons créé un spectacle de protestation fabuleux au Spectrum avec Richard Séguin, Florent Vollant, Michel Rivard et plusieurs autres, dont Dany Turcotte.
Pascale Camirand Et si vous nous parliez d’événements plus récents?
Pierre Jasmin Nous avons dès 2008 réclamé la libération du jeune Omar Khadr. En 2011, je suis allé plaider auprès du consul allemand aux Nations-Unies le sort réservé à de présumés terroristes emprisonnés au Canada sans qu’on leur donne le droit de même connaître les accusations qui pesaient contre eux; j’ai représenté Pugwash Canada à Berlin en y rencontrant le Ministre des Affaires extérieures de l’Allemagne pour la cause du désarmement nucléaire et nous souhaitons aujourd’hui que le Canada signe l’Appel humanitaire du ministre des Affaires étrangères autrichien, endossé par 119 pays!
Pascale Camirand Les APLP reprennent donc plusieurs dossiers!
Pierre Jasmin On en ouvre aussi quelques-uns: j’ai eu l’honneur de présider la conférence de presse montréalaise de mère Agnès-Mariam-de-la-Croix, une religieuse médiatrice de la paix en Syrie qui nous a alors révélé l’existence de l’Armée islamique, un an avant que les médias en parlent. Tout comme les 15 milliards de$ de blindés canadiens vendus à l’Arabie Saoudite décriés par notre site www.artistespourlapaix.org dès février 2014.
Pascale Camirand Monsieur Jasmin, je vous remercie pour cette entrevue. Longue vie aux APLP et souhaitons-nous à tous et à toutes, que le Canada retrouve la réputation qu’il avait à l’International avant l’arrivée au pouvoir des conservateurs.