En ce début du 21e siècle, le Québec comme le reste du monde, est confronté à de nombreux défis sur le plan énergétique. Même si une grande partie de l’énergie consommée au Québec est produite à partir de l’hydroélectricité (39,9%), le Québec demeure extrêmement dépendant du pétrole (37,7%). Même si le pic pétrolier pointe à l’horizon, nous pouvons anticiper le scepticisme de certains sur cette question. Après tout, n’est-il pas légitime d’être sceptique lorsqu’il est question d’estimations et de chiffres?
Par contre, un fait indéniable demeure: les réserves s’épuisent et la demande augmente considérablement, notamment en Chine et en Inde. Par conséquent, que vous soyez un adepte ou pas de la théorie du pic pétrolier, l’intérêt de la question ne provient probablement pas directement de la quantité des réserves restantes, mais plutôt de la vitesse d’extraction de celles-ci et de la pollution qu’elles engendrent.
Consommation d’énergie
Immédiatement après la Seconde Guerre mondiale, le monde ne consommait encore que 10 millions de barils par jour (bl/jour). Aujourd’hui, selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), il se consomme plus de 85 millions bl/jour. Selon la tendance actuelle, la consommation est en forte croissance, notamment à cause de la demande émanant de l’Asie. En 2015, l’AIE estime que la demande représentera 94m bl/jour et si la tendance se maintient, elle sera de 106m bl/jour en 2030. Or, seule une crise économique qui s’éterniserait pourrait probablement mettre fin à ce cycle haussier, un scénario toutefois peu souhaitable. Avec le déclin de plusieurs sources d’approvisionnement dans les années à venir et la difficulté d’extraction des nouvelles sources, l’approvisionnement deviendra de plus en plus précaire .
Épuisement des sources
Les estimations des réserves d’hydrocarbures demeurent toujours un exercice périlleux et variant selon les modes de calculs. Actuellement, une chose est certaine, c’est qu’avec le prix du baril de pétrole avoisinant les 70$ US, plusieurs sources sur lesquelles les experts comptaient afin d’augmenter la production seront en danger. En effet, c’est le cas pour le Canada et le Venezuela et dans une moindre mesure pour la Russie, le prix du baril étant trop bas pour obtenir une rentabilité acceptable. Les sources qui se trouvent dans ces pays seront plus difficiles d’accès et par conséquent elles seront plus coûteuses à exploiter. Sans de grands efforts d’investissements, la production n’augmentera pas. Par conséquent, il existe de moins en moins de marge de manoeuvre réelle sur les marchés pétroliers mondiaux.
Pour bon nombre de pays producteurs de pétrole, le début des années 2000 correspondait à une période très prospère. Malheureusement pour eux, le prix du baril a cessé de croître en 2008. Même si la révolution de l’énergie chère n’aura pas lieu maintenant, il n’en demeure pas moins que les hydrocarbures (le pétrole en tête) deviendront des ressources convoitées et de plus en plus dispendieuses desquelles il faudra s’affranchir.
Le Québec et le pétrole
La dépendance au pétrole comporte plusieurs désavantages pour le Québec. Comme il n’est pas producteur, il demeure à la merci des producteurs et des aléas de la production. Avec la reconcentration de la production pétrolière, certains pays pourraient se servir de l’énergie comme d’un levier d’influence. De plus, selon Équiterre, les Québécois ont exporté, au minimum, 10,6 G$ directement à l’étranger en 2007 pour se procurer du pétrole. Si au plan économique la question de la dépendance au pétrole est névralgique, au plan environnemental l’utilisation du pétrole est l’une des sources principales des gaz à effet de serre. Le secteur du transport, qui est en grande partie responsable de la dégradation de l’environnement, est alimenté à plus de 95% par le pétrole.
Le Québec s’est développé sur un modèle économique de disponibilité du pétrole à bon marché et doit à présent diminuer sa dépendance au pétrole afin de protéger son économie et lutter contre les changements climatiques. Même si aujourd’hui la voiture électrique représente une solution nécessaire, de toute évidence, la résilience au pétrole ne se réalisera pas que par des changements de technologies, mais demandera aussi des changements d’habitudes.
C’est principalement cette dernière optique que les Conseils régionaux de l’environnement (CRE) du Québec entend adopter. Avec de nombreux partenaires, ils souhaitent dans les prochains mois mobiliser la société québécoise en faveur de la réduction de la dépendance au pétrole, en raison des nombreux bénéfices économiques.
L’auteur est chargé de projet pour le Conseil régional de l’Environnement de l’Estrie.