La valse des saisons de Mara Tremblay
Premier roman de l’auteure-compositrice-interprète Mara Tremblay, Mon amoureux est une maison d’automne, à l’instar des textes de ses chansons, propose une écriture à la fois crue, poétique et sensible. À la manière d’un journal intime, Florence, le personnage principal, y décrit ses réflexions au lendemain du récent deuil de sa mère. Au fil des pages se reconstruit une femme bouleversée, portée par l’amour de ses deux enfants, des quelques hommes de sa vie, et de sa saison : l’automne.
Ponctué de courts chapitres, le roman traduit habilement le rythme syncopé de la bipolarité du personnage. Tour à tour lasse, obsédée, sereine, perdue et en colère, Florence partage sans pudeur ses solitudes, ses peintures, ses amours et ses balades en nature. Dès les premières lignes, l’univers intime mis en place par Mara Tremblay interpelle le lecteur, qui devient pratiquement le confident des épanchements de l’héroïne : « Je sais que tout s’enligne pour être magnifique, mais je suis épuisée […] J’écoutais le disque mélancolique de Beck et ça allait bien avec le petit matin automnal qui sentait bon […] Je me suis identifiée à cette femme, pour qui les hommes sont plus importants que tout, dans le cœur et dans le cul. »
Si le roman n’en est pas un autobiographique, il n’en demeure pas moins que le vécu de Florence nous ramène constamment à celui de l’auteure. Tout comme le personnage de Mon amoureux est une maison d’automne, Mara Tremblay a récemment été diagnostiquée bipolaire, et le décès de sa mère des suites d’un cancer l’a fortement éprouvée. Qui plus est, plusieurs passages de l’ouvrage évoquent les thèmes du désir, de la solitude et du romantisme, sensiblement tels qu’ils avaient été abordés dans les chansons Le printemps des amants, Tu n’es pas libre et Tout nue avec toi. Touchant, ce premier ouvrage constitue une belle incursion de Mara Tremblay dans le paysage littéraire québécois.