Nous vivons dans une drôle d’époque: celle où les relations sont économiques plutôt qu’humaines; celle où la production de biens, l’argent et le statut social prennent plus d’importance dans la vie d’un individu que le développement émotif et spirituel de celui-ci; celle où l’on préfère acheter des aliments préconçus et transformés en Asie plutôt que d’apprécier les douces heures consacrées à l’entretien de son propre jardin… Mais d’où vient cette montagne d’incohérences? Par où la désamorcer, elle qui s’y s’est construite sournoisement et solidement en cachette depuis plusieurs siècles?
Il y a plusieurs facteurs économiques, sociaux et environnementaux qui sont interreliés pour expliquer la crise dans laquelle nous sommes actuellement: le modèle économique capitaliste et productiviste, le modèle politique qui ne permet pas une pleine représentation participative citoyenne et communautaire, celui d’exploitation des ressources naturelles pour la croissance infinie, la promotion du mode de vie axé sur le travail et la productivité, l’aliénation, etc. En effet, «la destruction de la nature, des ressources, de l’autonomie du citoyen par la dégradation de son cadre de vie et la croissance des inégalités entre les humains résultent du productivisme[1]».
Plusieurs incohérences se manifestent déjà par les changements climatiques et les inégalités sociales qui ne font que croitre depuis les vingt dernières années. On ne peut plus nier le fait que notre survie en tant qu’espèce dépend des choix de société que nous ferons dans les prochaines décennies.
Faut-il choisir la résilience, la simplicité, le respect de l’environnement, l’autonomie alimentaire… ou opter pour la poursuite de l’exploitation aveugle et infinie, en ayant espoir qu’une technologie tombera du ciel et apportera réponses à toutes les problématiques?
Le sujet reste sensible et plutôt tabou dans l’opinion publique. Les gens ne veulent pas en entendre parler. C’est lourd, c’est difficile à entendre, ça suscite des réflexions et fait même parfois naitre une angoisse chez certains. Mais tant qu’il n’y aura pas d’ouverture et de profonde compréhension des enjeux dans la population, tant qu’il n’y aura pas de période de deuil populaire de la société que nous connaissons actuellement, de ses divertissements, de sa surabondance et de sa facilité, nous ne pourrons changer quoi que ce soit.
Les textes suivants abordent donc des thématiques du pic pétrolier, de la décroissance et des différentes solutions possibles qui pourraient être appliquées par les citoyens de Sherbrooke, afin de concrétiser les idéologies incarnées par le mouvement des Villes en Transition.
1. M. Jurdant. Le défi écologiste, 1988.