Le slogan Make America Great Again popularisé par Donald Trump invite à la réflexion. Peut-on vraiment rendre les États-Unis « grands » à nouveau ? La réalité est que ce pays, souvent idéalisé dans les films hollywoodiens, n’a peut-être jamais été aussi « grand » qu’il le prétend. Cette grandeur semble davantage une illusion que le reflet d’une réalité économique et sociale.
Historiquement, les États-Unis ont été perçus comme la première puissance économique mondiale. Cependant, cette suprématie est en grande partie bâtie sur une économie militaire et pétrolière, laissant de côté les besoins civils. L’auteur Seymour Melman, ingénieur industriel et professeur à l’Université de New York, a longuement analysé ce sujet dans ses ouvrages tels que Pentagon Capitalism et The Permanent War Economy. Il y expose comment l’industrie militaire, au lieu d’optimiser ses coûts comme l’enseigne la théorie économique, les maximise pour des raisons de profit. Cette situation crée un déséquilibre, privant les infrastructures civiles de ressources vitales.
Les effets de cette économie axée sur le militaire se constatent directement dans les rues des villes américaines. À Detroit et Cleveland, des quartiers entiers se transforment en friches urbaines après des décennies de sous-investissement. La crise de l’eau à Flint, dans le Michigan, a exposé des réseaux vétustes et dangereux, tandis que les pannes d’électricité fréquentes soulignent la précarité des services de base. Tout cela témoigne d’un abandon des besoins civils alors que des milliards de dollars continuent d’être engloutis dans des projets militaires colossaux.
En parallèle, Lester Brown, un expert en agronomie, alerte sur la dégradation des sols et la menace d’une crise alimentaire imminente dans ses ouvrages tels que Le Plan B et Le basculement. Selon lui, il faudrait investir 160 milliards de dollars par an pour redresser l’environnement mondial, incluant celui des États-Unis. Cette somme semble dérisoire par rapport aux dépenses militaires actuelles, mais elle pourrait faire une différence significative pour la planète.
Pour Melman, la solution passe par une conversion de l’industrie militaire vers des usages civils afin de redonner à la société une qualité de vie acceptable. Cela est confirmé par l’Association internationale des machinistes et travailleurs de l’industrie aérospatiale, qui plaide pour un effort collectif afin de reconstruire l’Amérique (« Let’s Rebuild America »). Outre la conversion économique, Edgar Morin et Jane Goodall suggèrent des solutions pour un avenir plus durable. Morin, dans La Voie, propose une réorganisation des structures administratives pour une approche plus locale et écologique. Goodall, quant à elle, insiste sur l’importance de nourrir l’espoir par des actions concrètes.
Le monde actuel est en pleine transformation, et nous devons impérativement repenser notre approche économique et sociale pour éviter la détérioration continue de notre environnement et de notre qualité de vie. Les livres mentionnés dans ce texte offrent des perspectives précieuses pour comprendre les défis auxquels nous sommes confrontés et pour envisager des solutions. En fin de compte, MAGA ne devrait pas se limiter à un simple slogan, mais à une véritable réorientation vers des priorités civiles et environnementales.
Bonnes lectures pour nourrir la réflexion et passer à l’action !