L’ANNÉE 2020 MARQUERA À SA FAÇON L’HISTOIRE DE LA FÊTE NATIONALE DU QUÉBEC, LA PRÉCÉDENTE INTERRUPTION DES CÉLÉBRATIONS DE CET ÉVÉNEMENT ANNUEL UNIQUE REMONTANT AU 19E SIÈCLE. C’EST POURQUOI LA SOCIÉTÉ NATIONALE DE L’ESTRIE PROFITE DE L’OCCASION POUR DRESSER UN PORTRAIT HISTORIQUE DE CETTE CÉLÉBRATION.
Les origines de notre Fête nationale remontent à des temps immémoriaux, où les peuples célébraient le solstice d’été. La coutume de cette fête païenne voulait qu’un grand feu de joie soit allumé afin de symboliser la lumière, à son apogée. Puis, en Europe, principalement en France, fut associé à cette fête Jean, le cousin de Jésus, surnommé « le baptiste ».
Ainsi naquit le lien entre la lumière et saint Jean Baptiste.
En Nouvelle-France, les premières célébrations de la Saint-Jean-Baptiste remontent aussi loin qu’en 1606. Ces festivités ont été interrompues à la suite de la Conquête de la Nouvelle-France par la Grande-Bretagne.
C’est en 1834 qu’est développée l’idée, par Ludger Duvernay, de faire revivre cette grande tradition. Le but avoué de Duvernay était de doter le peuple canadien-français d’une fête nationale annuelle.
Un banquet est alors organisé dans les jardins de l’avocat John McDonnell, auquel participe une soixantaine de personnes, dont plusieurs dignitaires. Ce fut un véritable succès, les journaux encourageant les gens à fêter la « Saint-Jean-Baptiste » dans leur village pour favoriser l’union des Canadiens-français. Duvernay gagne son pari : l’année suivante, les célébrations de la Fête nationale se répandent dans bon nombre de villages, dont Debartzch (aujourd’hui Rougemont), Saint-Denis, Saint-Eustache, Terrebonne et Berthier.
Suite aux rébellions des Patriotes (1837-1838), les Canadiens-français doivent s’unir pour éviter l’assimilation planifiée par la Grande-Bretagne. C’est ainsi que le 9 juin 1843, Duvernay fonde l’Association Saint-Jean-Baptiste et invite la population à célébrer la fête nationale des Canadiens-français, qui a pour devise « Rendre le peuple meilleur ». Cette année-là se tiendra à Montréal le premier défilé à grand déploiement, qui deviendra très tôt une véritable tradition.
En 1925, la Saint-Jean-Baptiste est reconnue par la législature québécoise comme une fête officielle et déclarée « congé férié ». Cette journée devint ainsi l’occasion de se rassembler et témoigner de la vitalité, de la richesse culturelle de la nation canadienne-française. C’est à partir de ce moment que la Saint-Jean-Baptiste prit véritablement son envol et que l’on assista à des défilés dans plusieurs villes.
À partir des années 1930, Irlandais, Grecs, Italiens et Slovaques participent aux festivités de la Fête nationale, démontrant son caractère cosmopolite, notamment à Montréal.
Dans les années 1960, outre à Montréal et à Québec, les feux de joie et les défilés attirent d’impressionnantes foules, notamment à Trois-Rivières, Drummondville, Lac-Mégantic, Asbestos et Victoriaville. Aussi, les organisateurs des célébrations trouvent de nouvelles formules telles que les bals populaires, les messes sur les parvis des églises et les nombreux spectacles en plein air afin d’intégrer les Québécoises et les Québécois de tous les milieux.
En 1975, Gilles Vigneault lance sa désormais célèbre chanson « Gens du pays » et Ginette Reno interprète la chanson de Jean-Pierre Ferland « Un peu plus haut, un peu plus loin ». Puis en 1976, le grand spectacle des plaines d’Abraham passe à la postérité sous le nom de « 1 fois 5 ».
En 1977, le gouvernement dirigé par René Lévesque proclame le 24 juin jour de la Fête nationale du Québec, qui devient la fête de toutes les Québécoises et de tous les Québécois. Ce faisant, le 24 juin n’est plus associé exclusivement aux personnes pratiquant la religion catholique, mais revêt un aspect ouvert et laïque.
Puis, en 1984, le Mouvement national des Québécoises et Québécois obtient le mandat de coordination de la Fête nationale du Québec, qu’il partage avec ses Sociétés nationales et sociétés Saint-Jean-Baptiste affiliées, rejoignant ainsi toute la population. Le MNQ détient toujours ce mandat qu’il remplit avec rigueur, transparence et fierté!
Aujourd’hui, la Fête nationale, c’est plus de 700 célébrations partout au Québec, dont la tenue est rendue possible par l’engagement de plus de 20 000 bénévoles. Et si cette célébration annuelle unique a su, au fil des décennies, se renouveler afin de s’adapter à l’évolution de la société québécoise, jamais elle n’a oublié ses origines et les valeurs fondamentales qu’elle incarne.