On dit souvent que la mémoire collective est courte. Qu’elle ne dure que 6 mois. Il est donc logique de penser que peu de gens se rappellent leur journée du 4 septembre 2012. C’est pourtant une journée très importante dans l’histoire du Québec et de l’Estrie. Collectivement, la population a décidé de dire «c’est assez» à Jean Charest en ne le réélisant pas à la tête du Québec. Or, nous apprenons que l’ancien Premier ministre veut refaire le saut en politique en briguant la chefferie du Parti conservateur du Canada (PCC). Nous croyons donc qu’il est important de lui rappeler et de nous rappeler pourquoi nous avons dû mettre un terme à son règne.
Il a été le chef d’orchestre du détournement de la mission principale de l’État, qui devrait être de prioriser l’intérêt collectif et la recherche du bien commun. Le régime libéral de Jean Charest a plutôt privilégié une privatisation des secteurs publics et une quête dogmatique de lutte aux déficits publics. Les politiques austères sont le fondement de l’idéologie de Jean Charest qui a privé l’État des revenus nécessaires pour financer adéquatement ses missions. Il a refusé à maintes reprises de garnir les coffres de l’État à partir d’autres sources de revenus, comme les paradis fiscaux.
Le leg de Jean Charest, nous le constatons aujourd’hui. C’est un filet social sur le respirateur artificiel, un système de santé fragilisé qui n’a pu s’adapter aux désastres de la pandémie et un système d’éducation avec des infrastructures vétustes. Ce sont des inégalités qui persistent et se creusent d’années en années, entre les riches et les pauvres, entre les genres, entre toutes les personnes vivant à la croisée des oppressions. C’est le sous-financement chronique des services publics, des programmes sociaux et des organismes communautaires. Nous pouvons ajouter à cela un manque criant de places en garderie qui affecte grandement les ménages québécois et particulièrement les femmes (#Maplaceautravail). La pandémie de la COVID-19 doit être une sonnette d’alarme pour notre société. L’État doit renouer avec sa mission de défendre le bien commun. Nous devons favoriser une«sortie» de crise qui est juste et sociale. Jean Charest nous a trop souvent prouvé qu’il est un dirigeant incompatible avec cette vision de la société. N’oublions pas non plus qu’il a réprimé avec mépris, violence et à coup de loi spéciale le mouvement social lancé par la population étudiante postsecondaire en 2012.
Rappelons-nous aussi que nous nous alignons vers une crise bien plus grave que celle que nous affrontons depuis deux ans. La crise environnementale sera la plus grande de nos vies et celle des générations futures. Cette problématique est totalement absente du bilan et du discours de Jean Charest. Nous vous invitons à lire le rapport datant de 2012 du commissaire au développement durable, Jean Cinq-Mars. Il est question de données incomplètes ou erronées, de reddition de comptes déficiente et d’un manque de volonté politique pour atteindre les objectifs environnementaux. En matière d’environnement, Jean Charest n’a pas la note de passage.
Enfin, plusieurs personnes du milieu politique ressentent un profond malaise face à la candidature de Jean Charest à la course à la chefferie du PCC. Ce malaise s’explique par les allégations de corruption et de collusion que le Parti libéral du Québec a reçues à la suite de la commission Charbonneau et aux enquêtes de l’Unité permanente anticorruption (UPAC). Jean Charest y est maintes fois cité, même s’il n’a pas été formellement accusé. La population est donc en droit de douter de l’éthique et de l’intégrité de l’ancien Premier ministre.
Les forces sociales, communautaires, syndicales, étudiantes, environnementales et féministes uniront leur voix pour empêcher Jean Charest de terminer son saccage de l’État, ou quiconque qui aurait l’objectif de continuer le travail dans cette direction et ce, à tous les paliers gouvernementaux.