QUAND ON PARLE DE « DESERT ROCK », SOUVENT ON PENSE AUX FAMEUX GROUPES DES ETATS-UNIS QUI, DANS LES ANNÉES 80, SE SONT TOURNÉS VERS CES VASTES TERRITOIRES ARIDES POUR EN FAIRE LEURS LOCAUX DE PRATIQUE. CE STYLE DE MUSIQUE TRÈS LARGE EST POURTANT BIEN PLUS IMPORTANT DANS LA CULTURE MUSICALE SAHARIENNE QU’AUX ÉTATS-UNIS.
En effet, je dis « plus important » car ce que l’on appelle communément le blues Malien ou rock du désert, fait partie intégrante de l’histoire d’un peuple qui vie dans le Sahara : les Touaregs.
Dans les années 1950, Les Kel tamasheq (Touaregs), sont toujours nomades. Ils sont tout de même de plus en plus assimilés et sédentarisés, dût aux impacts du colonialisme français, ce qui mène à la perte de leurs cultures et de leurs langues. Plusieurs rébellions Touaregs s’en suivent après l’indépendance du Mali. Les communautés du nord sont laissées à elles même, et totalement non considérées par le gouvernement malien. Ces insurrections marquent profondément les nouvelles générations Touaregs comme celle d’Ibrahim ag Alhabib, fondateur du groupe Tinariwen.
Ibrahim voit son père exécuté pendant la rébellion de 1962 à 1964 et est contraint à migrer vers l’Algérie où il passera une grande partie de sa vie. Plusieurs années plus tard, inspiré des souffrances de son peuple et de ses désirs de paix et de liberté, le collectif Tinariwen naît sur scène à Alger en 1982. Armées de guitares électriques et de paroles engagées, Tinariwen invente le style « desert rock » Touareg et agrémente le culte de la guitare électrique au Mali. Fait intéressant, étant nomades dans un milieu de vie désertique et sans électricité, Tinariwen performe leur musique, considérée illégale au Mali, avec des amplificateurs à batterie. En 1990 ils utilisent leur musique et prennent les armes pour rallier les jeunes touaregs à la rébellion de 1990 à 1991, jusqu’aux accords de Tamanrasset.
On peut dire que le blues Touareg donne un effet de grandeur causé par de longues chansons aux tonalités régulières, aux mélodies répétitives et puissantes ainsi qu’aux textures sonores, qui reflètent bien l’endroit où la musique a été composée. C’est un style qui porte un bagage lourd mais aussi une volonté de changements, qui inspire et fait voyager, qui donne le goût de comprendre les paroles, et qui dans mon cas, m’a donné envie de connaître ce peuple.
J’ai donc trois projets dans le style à vous proposer. Mon premier est bien évidemment le collectif Tinariwen avec leurs chansons planantes et harmonies de voix vibrantes.
Ensuite, je vous propose la musique de Mdou moctar, accompagnée d’une batterie et d’un son beaucoup plus Hendrix que le groupe précédent.
Pour finir, Ali Farka Touré au sonorités plus traditionnelle et tranquille, mais tout aussi intéressant que les deux autres.
Bonne écoute !