Du 28 novembre au 9 décembre 2011, la 17e conférence internationale sur le climat avait lieu à Durban, en Afrique du Sud. Les deux semaines de la conférence ont été le théâtre de négociations intenses, au cours desquelles le Canada s’est démarqué par son désengagement envers le protocole de Kyoto, seul instrument international juridiquement contraignant en matière de réduction des gaz à effet de serre.
Alors que tous les yeux étaient rivés sur l’avenir du régime international de réduction des gaz à effet de serre et la survie du protocole de Kyoto, d’autres enjeux tout aussi importants sont demeurés marginalisés à Durban.
En effet, les migrateurs climatiques – des personnes appelées à quitter leur foyer en raison des impacts des changements climatiques – constituent un problème qui tarde encore à s’inscrire concrètement à l’agenda des États, malgré son impact en matière de sécurité humaine et environnementale.
Depuis longtemps, les populations ont eu recours à la mobilité pour s’adapter à certains bouleversements d’ordre politique, religieux, économique ou social. L’intensification des changements climatiques depuis les années 1990 a toutefois eu pour effet l’émergence d’un nouveau type de flux migratoires. Face à cette situation, il s’avère urgent de s’interroger sur l’attitude adoptée par les pays industrialisés, principaux responsables des changements climatiques, quant à la question des migrations climatiques.
En l’absence de politiques de gestion efficaces, la problématique des migrants climatiques, communément appelés « réfugiés climatiques », risque de prendre de l’ampleur. Les chiffres parlent d’ailleurs d’eux-mêmes. Déjà, durant les années 1990, vingt-cinq millions de personnes avaient du quitter leur lieu de vie pour des motifs environnementaux ou climatiques. Les projections laissent présager que d’ici 2050, entre 200 millions et 1 milliard d’individus fuiront leur foyer en raison des impacts des changements climatiques.
Aucune reconnaissance
Déjà, plusieurs communautés paient les frais de l’inaction de la communauté internationale. Majoritairement issus des pays en développement, ces déplacés ne bénéficient toujours pas d’une reconnaissance juridique, malgré l’adoption de la Convention relative au statut des réfugiés en 1951. En effet, les migrants climatiques ne répondent pas aux critères établis par la convention. Selon plusieurs, l’utilisation du terme « réfugiés climatiques » s’avère donc inexacte, puisque les migrants climatiques ne sont pas des réfugiés au sens de la convention. Plus de vingt-cinq ans après l’élaboration de la première définition du concept de réfugiés environnementaux par le Programme des Nations Unies pour l’environnement, les opinions divergent également entre les experts quant à la définition effective du phénomène, ayant pour conséquence de ralentir la prise en compte de l’enjeu migratoire.
Aujourd’hui, les Îles de Tuvalu sont devenues le porte-parole international des communautés migrant en raison des changements climatiques. Situé dans l’océan Pacifique, cet archipel est actuellement menacé par la hausse du niveau de la mer, qui force plusieurs communautés à fuir vers d’autres pays, comme l’Australie. Ses représentants implorent les États développés de se pencher sur la question.
À l’instar des précédentes conférences, la 17e Conférence internationale sur le climat n’a pas su adresser directement la question des migrations climatiques, laissant présager une importante crise migratoire. Nous sommes en droit de nous demander à quand un réel statut juridique protégeant ces populations vulnérables et menacées? Les prochaines années seront déterminantes quant au traitement de la question des déplacements de populations induits par les changements climatiques, sans quoi les États en subiront les effets néfastes.
L’auteure était présente à Durban lors de la dernière Conférence sur les changements climatiques, dans le cadre d’un stage de l’École de politique appliquée de l’Université de Sherbrooke.