La présence des femmes sur le marché du travail n’est plus un phénomène marginal et dérangeant comme ce fut le cas pendant des siècles de prédominance et de domination des hommes dans la sphère de l’emploi.
Malgré des siècles de répression et d’obstacles de toutes sortes, les femmes du 21e siècle se retrouvent majoritaires à travailler dans différents domaines et à occuper des postes importants, mais elles sont encore aux prises avec des conditions moindres que celles des hommes. Leur rémunération est inférieure à leurs collègues masculins et on les retrouve souvent dans des secteurs où prévaut le taux du salaire minimum ou juste sous la barre du 15$. Elles occupent plus d’emplois atypiques synonymes de plus de précarité. Elles ont moins accès aux emplois de haute direction et aux avantages que cela représente. Finalement, elles ont souvent la lourde responsabilité de concilier travail-famille-études et subissent tous les impacts que cela représente.
Le 12 juin 2018, l’Assemblée nationale a adopté la Loi modifiant la Loi sur les normes du travail et d’autres dispositions législatives afin principalement de faciliter la conciliation famille-travail. La révision de la Loi sur les normes du travail tombait pile pour courtiser l’électorat en mettant l’accent sur la conciliation travail-famille durant la campagne pré-électorale.
Principaux changements apportés
Il y a eu des changements au niveau du harcèlement au travail; le droit de s’absenter a été augmenté dans plusieurs cas et nous avons droit à deux jours rémunérés pour maladie ou pour absence familiale. Le législateur a élargi la notion de parent et a reconnu les proches aidant.e.s; le droit de refuser de travailler (temps supplémentaire) a été revu aussi. Il y a aussi un changement sur l’étalement des heures de travail sur une base autre qu’hebdomadaire; interdiction de verser un taux horaire inférieur en raison du statut d’emploi pour contrer les disparités de traitement, et nous attendons le dépôt d’un règlement concernant les agences de placement et les travailleuses et travailleurs étrangers temporaires.
La Loi inclut la notion du harcèlement sexuel dans la définition du harcèlement psychologique. De plus, le délai est passé de 90 jours à deux ans pour porter plainte. L’employeur a maintenant l’obligation de mettre en place une politique de prévention et de traitement des plaintes pour harcèlement.
Concernant les vacances annuelles, la troisième semaine de vacances annuelles est accordée après trois ans plutôt que cinq ans.
Le gouvernement libéral prétendait avoir répondu aux besoins de souplesse et de disponibilité pour les parents dont la garde des enfants est assumée à tour de rôle en permettant l’étalement des heures de travail, ce qui devrait permettre ainsi aux parents de travailler plus d’heures la semaine où les enfants sont chez l’autre parent.
Dorénavant, il est possible de refuser de faire du temps supplémentaire après deux heures plutôt que quatre heures et une personne peut refuser de faire du temps supplémentaire si elle n’a pas été avisée cinq jours à l’avance.
Notons que le droit de s’absenter a été revu à la hausse. D’entrée de jeux, on peut dire que la notion du «prendre soin de» est très présente dans cette nouvelle mouture de la LNT. Cela viendra au moins protéger les femmes qui doivent s’absenter des risques de congédiements en tant que parente et comme aidante naturelle pour des raisons familiales ou parentales, pour maladie, accident, violence conjugale ou violence à caractère sexuel, acte criminel, disparition, suicide, décès, naissance ou adoption.
Faut-il spécifier que la plupart de ces absences seront assumées majoritairement par des femmes fortement sollicitées par «le prendre soin de» Comme ces absences sont non rémunérées, sauf les deux jours de congé annuel payés pour maladie ou obligation familiale et en cas de compassion où il est possible de recevoir des prestations d’assurance-chômage, cela aura un impact sur le salaire de ces femmes, et sur leur cotisation aux régimes de retraite et leur revenu futur.
La contribution des femmes au monde du travail ne doit pas se faire dans des conditions injustes et inadmissibles perpétuant des cas d’abus, de harcèlement, de racisme, de disparité de traitement, d’iniquité, de précarité et de pauvreté.
L’ex-ministre Vien a fait un premier pas lors de la dernière révision de la Loi sur les normes du travail, mais il y a encore de nombreux pas à faire avant d’avoir un milieu de travail qui soit sain, équitable, durable, décent et de qualité.