Un sondage, ça doit être fait par une firme de sondages « sérieuse » (comme Léger), et non par une firme de communications qui sert à dorer l’image de politiciens contre rémunération.
Je fais bien sûr référence au sondage SOM–La Tribune–107,7 Estrie qui clamait le 30 octobre dernier que « 53 % des Sherbrookois insatisfaits du travail d’Évelyne Beaudin ». Il faudrait être particulièrement naïf pour croire que ce sondage a été débuté par hasard le 22 octobre, soit le lendemain de l’annonce dans La tribune que « Marie-Claude Bibeau confirme sa candidature à la mairie de Sherbrooke ».
La méthodologie utilisée ? On n’en sait rien ! J’ai eu beau chercher, je ne l’ai pas trouvée. On ne mentionne que le nombre de sondés (500, ce qui semble bien peu pour une population de plus de 181 000 habitants) et rien ne dit que le sondage était scientifique ni donc valide.
Le lendemain, La tribune titrait « Marie-Claude Bibeau part avec une longueur d’avance pour la mairie ». Dans l’article, sans surprise : « Elle obtient en effet la faveur de 27 % des répondants questionnés à savoir qui ferait le meilleur maire ou la meilleure mairesse pour Sherbrooke en 2025. L’actuelle conseillère Danielle Berthold suit avec 11 % d’appui, contre une égalité à 9 % entre Raïs
Kibonge et Vincent Boutin, puis 4 % pour Annie Godbout. »
Toutes ces publications ont été reprises par les médias parlés : « Nous apprenions ce matin dans La Tribune que… ». Comme des perroquets.
Les sondages « arrangés » ne datent pas d’hier
Ce n’est pas sans rappeler un sondage de La Tribune–Radio-Canada Estrie publié à la Une le 24 octobre 2012 (un an avant les élections de 2013) commandé aux firmes Nadeau-Bellavance et Ténor Marketing … qui ne sont pas des firmes de sondages, mais des firmes de communications et de télémarketing. Le propriétaire de Nadeau-Bellavance siégeant sur le conseil d’administration du Renouveau Sherbrookois à l’époque, il ne faut pas se surprendre du titre de l’article (je cite) « Un maire sans failles… ou presque – Les Sherbrookois sont satisfaits à 75,8 % de Bernard Sévigny, mais 38,6 % d’entre eux sont encore incapables de nommer son nom ». Avec un tel score (aussi bon que Jean Perrault à 78 %), il ne faut pas s’étonner que les candidats ne se soient pas bousculés aux portes pour la mairie aux élections de 2013.
Il ne faut pas non plus s’étonner que La Tribune n’ait pas commandé de sondage pendant la campagne de 2013 : si un sondage avait trouvé que 14,3 % des votes iraient à un quasi-inconnu, ça aurait peut-être fait sortir le vote contre ce « maire presque parfait ».
Pour la suite des choses
En 2017, on nous a prouvé que « n’importe qui » pouvait devenir maire de Sherbrooke avec des appuis et (surtout !) de l’argent. On a vite déchanté quand on a constaté ses frasques politico-administratives. Et l’augmentation de la dette à long terme de 20 M$ par année. Marie-Claude Bibeau (ou d’autres) pourrait devenir mairesse de Sherbrooke, je le concède. Même si elle a l’air de se chercher un parachute pour atterrir après la déconfiture probable de son gouvernement. Mais si c’est pour nous ramener par la porte de derrière un maire déchu comme chef de cabinet voire comme directeur général, là je dis non ! Même comme « conseiller spécial » serait problématique pour la population qui n’a pas digéré la réforme dont il se voyait roi. Avec une possible majorité au Conseil.
Le choix pour la mairie en 2025 ne devrait pas se faire avec de faux sondages « arrangés avec le gars des vues ». Ou d’un journal. On a déjà joué dans ce film-là.
Un vrai sondage, c’est du sérieux
Le sondage de la firme Léger, une vraie firme de sondage, est beaucoup plus sérieux que le sondage SOM : la méthodologie est scientifique et connue avec la mention tant recherchée : « La marge d’erreur maximale pour un échantillon probabiliste de 3690 répondants dans une population finie est de +/- 1,6 %, et ce, 19 fois sur 20 ».
SOM peut aller se rhabiller. La tribune et le 107,7 Estrie aussi.
Résultat : « 73 % des Sherbrookois sont satisfaits de la qualité des services dans leur municipalité, surtout les répondants âgés de 18 à 34 ans (82 %), les résidents qui habitent Sherbrooke depuis 5 ans et moins (82 %) et depuis 6 à 10 ans (79 %), les locataires (77 %), les femmes (76 %) et les francophones (75 %). »
Ce sondage est pourtant sévère puisqu’un choix de « 5 » (entre 1 et 10) est classé comme « insatisfait » alors que c’est souvent la réponse que l’on considère comme « neutre » ou « indifférent ».