Réjean Hébert, Serge Cardin et Pierre-Luc Dusseault critiquent le projet de réforme de la gouvernance à Sherbrooke.
Malgré le refus du conseil en 2012 d’entériner sa réforme de la gouvernance, le maire Bernard Sévigny prévoit revenir à la charge en 2014 avec une réforme encore plus drastique de la structure municipale sherbrookoise. Le chef du Renouveau Sherbrookois a promis en campagne électorale de réduire à 12 le nombre d’élus municipaux et de fusionner certains arrondissements, dont celui de Brompton, ce qui a provoqué une levée de boucliers dans l’ancienne ville lors de l’élection du 3 novembre. En janvier, le maire prévoit déposer son nouveau projet au conseil. Entrée Libre a voulu savoir ce que pensaient les députés de la région du projet du maire.
Le Dr. Réjean Hébert, ministre de la santé et ministre responsable de la région de l’Estrie, est en désaccord avec les deux parties de la réforme Sévigny, soit l’abolition de certains arrondissements et la réduction du nombre d’élus. C’est l’abolition de l’arrondissement de Brompton, et la diminution des « services de proximité » qui en résulterait, qui préoccupe davantage Réjean Hébert.
M. Hébert est par ailleurs inconfortable avec la proposition d’abolir l’arrondissement de Brompton sans toutefois toucher au statut de Lennoxville : « Ce qui me chicote en plus, affirme le ministre en entrevue téléphonique, c’est qu’on fait une exception pour Lennoxville sur la base de la langue. » Pour M. Hébert, c’est une « iniquité » qu’il n’accepte pas.
Quant à la réduction du nombre d’élus, le ministre considère tout simplement que « ce n’est pas une manière de réduire les dépenses » puisqu’une telle mesure va entrainer selon lui une augmentation de l’embauche de « personnel-cadre. » Il désapprouve l’abolition d’élus qui, rappelle-t-il, « doivent répondre de leurs actions à la population. »
Pierre-Luc Dusseault, député fédéral dans la circonscription de Sherbrooke, est quant à lui aussi préoccupé par une possible réduction des services aux citoyens. Rejoint à Ottawa, il dit être encore à convaincre que l’augmentation du nombre d’habitants par élus ne va pas avoir d’incidence sur les services à la population.
M. Dusseault est aussi dubitatif quant à la manière dont le projet sera présenté. Le maire Sévigny affirmait le 3 décembre dernier, en séance du conseil municipal, que la réforme de la gouvernance allait être présentée le 20 janvier au conseil et qu’il prévoyait un vote le 2 février, soit deux semaine plus tard. M. Dusseault est d’avis que deux semaines pour juger de la pertinence d’une telle réforme, « c’est un peu court ». Même s’il affirme que c’est aux élus municipaux de décider, il s’interroge néanmoins sur cette manière de procéder : « Ici, [à la chambre des communes], quand on étudie un dossier, on prend le temps de faire les études nécessaires et d’entendre des experts », explique-t-il, tout en soulignant, sans néanmoins vouloir faire de lien avec le cas sherbrookois, que le gouvernement conservateur employait de plus en plus des tactiques pour restreindre cette période de consultation.
De son côté, le député de Sherbrooke au niveau provincial, Serge Cardin, s’inquiète de la charge de travail supplémentaire qu’imposera une telle réduction aux conseillers restants. Il rappelle que la Ville de Sherbrooke, avant les fusions, comptait 12 conseillers mais, souligne-t-il, pour une population à l’époque de 77 000 habitants. « Là, on semble penser que 12 élus c’est suffisant pour une population aujourd’hui de plus de 150 000 personnes », dit-il. Même s’il admet qu’il n’a pas de réponse quant au « nombre idéal de conseillers », il se demande tout haut si la « multiplication des comités » ne viendra pas surcharger les conseillers.
De plus, ayant déjà été conseiller municipal à Sherbrooke, M. Cardin croit qu’il faut aussi prendre en considération l’étendue du territoire. Il peut être utile, selon lui, d’avoir « des représentants qui puissent faire part de la réalité sur le terrain. »
Même s’il affirme « faire confiance aux élus municipaux » pour prendre la bonne décision, M. Cardin considère qu’ « il serait de bonne guerre de consulter les citoyens ». De faire autrement ne serait pas « respectueux de la population », selon lui. « Après tout, conclut-il, la dernière élection n’était pas une élection référendaire. »
Mouvement Sherbrooke Démocratie
Le 7 décembre 2013 avait lieu l’assemblée de fondation du Mouvement Sherbrooke Démocratie. La description du groupe, telle que votée lors de cette assemblée, se lit comme suit :
« Le Mouvement Sherbrooke Démocratie est un regroupement citoyen visant à valoriser la démocratie au niveau municipal. Il a pour objectif de mobiliser la population sherbrookoise pour participer à des débats sur différents enjeux locaux tels que la gouvernance municipale, la mobilité durable, l’économie locale et l’environnement. Il souhaite aussi devenir une source d’information crédible pour éclairer ces débats. »
En date du 8 décembre 2013, le groupe Facebook du Mouvement Sherbrooke Démocratie compte plus de 325 membres.
L’auteur est membre du Mouvement Sherbrooke Démocratie, un groupe de citoyens qui s’oppose à la réforme de la gouvernance à Sherbrooke.