Depuis l’automne dernier, les agressions à caractère sexuel n’ont jamais autant fait parler. Dernièrement, un sondage de la Fondation canadienne des femmes révélait que deux Canadiens d’origine sur trois ne savent pas réellement ce qu’est le consentement sexuel. Je crois qu’il est grand temps de clarifier en quoi consiste cette importante notion.
Il faut d’abord savoir que lorsque des gestes de nature sexuelle sont posés sans le consentement de la personne visée, il s’agit d’une agression à caractère sexuel. Et le consentement sexuel afin d’être valide – à la fois en regard de la loi, et, bien entendu, en vertu du jugement personnel – doit satisfaire plusieurs critères.
En premier lieu, l’accord du/de la partenaire doit être communiqué clairement soit par la parole ou par le comportement. Le simple silence d’une personne n’étant pas valable, l’expression populaire «qui ne dit mot consent» ne s’applique pas en ce qui a trait au consentement sexuel. L’accord doit également être donné de manière volontaire, ce qui exclut toutes les formes de consentement accordées sous l’effet de la crainte, de la menace ou de la force.
Aussi, un consentement n’est pas volontaire lorsqu’il est accordé par une personne qui n’a pas la capacité de consentir, notamment dans les cas où elle est intoxiquée – ivre ou droguée. D’autre part, le consentement sexuel est une pratique continue et spécifique: il est constamment renouvelable et peut être retiré à tout moment.
Par conséquent, on parle d’agression par intoxication lorsqu’un individu tire sexuellement avantage d’une personne intoxiquée, et ce, même si la substance a été ingérée volontairement. En effet, qu’il s’agisse de GHB mis dans le verre d’une personne à son insu, d’incitation à la consommation excessive ou encore d’une consommation complètement volontaire, si un individu pose des gestes à caractère sexuel à l’endroit d’une personne qui n’est pas en mesure de consentir, les gestes seront qualifiés comme étant une agression. Seulement, peu de gens en ont conscience, ces gestes étant grandement banalisés.
Afin de compenser pour une culture populaire qui normalise – valorise – même les gestes d’agression par intoxication, une importante pétition a été mise en ligne récemment. Il est demandé que le gouvernement du Québec oblige les fabricants d’alcool à inscrire «Alcool ≠ Consentement» sur leurs bouteilles et que les établissements possédant un permis d’alcool inscrivent ce même slogan, par un marquage photoluminescent, sur leurs bars ainsi que dans leurs toilettes.
La problématique des agressions à caractère sexuel étant un enjeu de santé publique, le gouvernement doit prendre ses responsabilités. Signons massivement cette pétition afin de lui envoyer un message clair: pour une large campagne «Alcool ≠ Consentement». Rendez-vous, toutes et tous, sur le site de l’Assemblée nationale!
Stéphanie Tremblay est intervenante au Centre d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS) Agression Estrie.