Avez-vous vu passer dans les médias la nouvelle que le Directeur des poursuites pénales (DPCP) et le ministre de la justice Simon Jolin-Barrette s’apprêtent à vendre le terrain saisi des Hells Angels, à Sherbrooke, au lieu de le remettre à la municipalité et aux citoyens pour en faire un espace vert protégé?
La TROVEPE et ses groupes-membres sont indignés de la tournure des évènements concernant ce magnifique boisé et son utilisation. En effet, cette transaction démontre bien que le gouvernement provincial n’a pas pris en considération le bien de la population et la sauvegarde d’espaces verts récréatifs, ainsi que la demande de la Ville de Sherbrooke. Voici une liste de faits concernant l’enjeu lié à ce terrain :
15 avril 2009 : L’opération SharQc a lieu. Pas moins de 156 Hells Angels sont arrêtés à travers le Québec, et le «bunker des Hells» à Sherbrooke est saisi par le DPCP.
23 avril 2020 : Presque 11 ans, jour pour jour, depuis la saisie du repaire, le DPCP prend officiellement possession du terrain, celui-ci devient alors un bien public.
10 novembre 2020 : L’ancien maire de Sherbrooke, Steve Lussier, et les élu.e.s municipaux ont changé le zonage du terrain pour en faire une zone marquée N, soit une zone de conservation naturelle, avec l’intention d’en prendre possession un jour. Ce type de zonage empêche tout développement immobilier ou privé. Le conseil fait publiquement savoir qu’il aimerait que le terrain soit annexé au boisé Ascot, zone verte déjà protégée.
01 février 2021 : La valeur de la propriété, selon le dernier rôle d’évaluation de la Ville de Sherbrooke, est évaluée à 444 300 $. Cependant, ce rôle comprenait le bâtiment, qui a été détruit. Ce dernier était évalué à 297 000 $, alors que le terrain en vaut 147 100$.
13 avril 2021 : le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) a demandé à la Ville de Sherbrooke d’acheter le terrain de l’ancien repaire des Hells pour 538 000 $ en avril 2021 et d’assumer le coût de la démolition du bunker. La ville a refusé cette offre de vente et espérait que le DPCP lègue simplement le terrain à la ville de Sherbrooke pour en faire un point d’entrée d’un grand parc protégé une fois qu’il serait annexé au bois Ascot.
21 février 2022 : Le terrain est officiellement mis en vente pour 775 000 $ par le DPCP, soit une hausse de 527 % par rapport à l’évaluation de la ville de 147 100 $ 1 an auparavant.
11 avril 2022 : Le terrain est vendu à un acheteur inconnu pour 775 000 $, selon le promoteur immobilier. Le DPCP refuse de confirmer la nouvelle ou d’identifier l’acheteur.
Est-ce normal qu’une entité publique prétendant représenter le bien collectif refuse catégoriquement de léguer un terrain public à sa propre municipalité sous prétexte de vouloir faire plus d’argent dessus? À quel moment le DPCP et Simon Jolin-Barrette sont devenus des promoteurs immobiliers guidés par le profit? Le gouvernement municipal, des comités citoyens et des groupes communautaires demandent le legs du terrain pour des raisons environnementales et comme dédommagement légitime et symbolique du règne des Hells depuis plusieurs années. Celui-ci profiterait à l’ensemble de la population, Sherbrooke pourrait avoir à l’entrée de sa ville un immense parc protégé au plaisir de tou·te·s. Il est fort préoccupant et déplorable de constater que ces entités publiques préfèrent se tourner vers le bénéfice privé en gonflant le prix. D’ailleurs, qu’est ce qui justifie une hausse de 527 % du prix en 1 an alors que le bâtiment a été détruit et que l’évaluation aurait dû se faire à la baisse par ce fait même? Sous quels critères une entité publique comme le DPCP et le ministère de la Justice qualifie une telle hausse d’un « juste prix » ? Il y a quelque chose d’indécent et d’immoral qui se passe avec ce terrain. Lorsque c’est le DPCP et le ministère de la Justice qui sont censés nous protéger de ce genre de pratiques prédatrices sont ceux qui les commettent, il est temps de dénoncer les faits et de demander des comptes aux instances concernées…