Réduire substantiellement ses dépenses en légumes frais, c’est possible. Il suffit de cultiver quelques arpents de terre. Des estimations très affinées montrent en effet qu’au-delà du passe-temps, la culture d’un petit jardin est loin d’être négligeable sur le plan économique.
L’économiste-futurologue Alvin Toffler affirmait déjà au siècle dernier dans la Troisième vague, que dans un monde fiscalisé, il serait peut-être plus profitable économiquement et psychologiquement, une fois un certain seuil de revenu acquis, de prosommer. Cette notion, désignant tout simplement le fait de consommer ce qu’on produit, permettrait à coup sûr aux consommateurs que nous sommes de réduire – ou parfois même d’annihiler – une fiscalité souvent pesante, et, du même coup, d’assurer aux ménages un approvisionnement à moindre coût en divers produits agricoles naturels.
Connus pour avoir la main verte, les Sherbrookois ne seraient que confortés par cette manière de voir et d’agir. En plus de l’intérêt qu’ils accordent à l’entretien des jardins d’agrément, ils devraient aussi s’intéresser à cultiver des potagers. Il faut même dire qu’un lopin de terre bien exploité délierait franchement les cordons de la bourse de pas mal de gens.
À titre indicatif, deux études réalisées en France au début des années cinquante du siècle écoulé. Dans la première, de L. Vasseur, on estimait déjà qu’un jardin de 200 à 250 m2 rapporte, bon an mal an, l’équivalent d’un mois de salaire (notons que l’auteur se situait dans le contexte social du nord de la France, à dominante ouvrière). Quant à la seconde, Pierre Hampe y réalisait qu’une famille de sept personnes nécessitait un budget annuel de 53 000 francs environ (en 1951).
Ces deux résultats ne seraient-ils pas assez édifiants pour nous pousser au travail de la terre ?
D’autant plus que la mercuriale légumière n’arrête pas de faire du yoyo…
Enfin, citons le fabuliste Jean de la Fontaine, qui, dans son incitation à travailler la terre, disait : « un trésor est caché dedans ». Et en cela, il n’avait pas tort, car qui de mieux que la terre pour enseigner l’effort et le goût de jouir des richesses qu’elle procure ?