Le réalisateur Ara Ball signe son premier long-métrage : Quand l’amour se creuse un trou. Il met principalement en vedette les acteurs Patrice Robitaille, contrôlant et en mal d’amour et Julie Le Breton, professeure castrante, le jeune Robert Naylor, que l’on a pu découvrir dans 10 ½ et qui signe aussi la trame sonore, et la toujours talentueuse France Castel.
L’histoire n’est pas sans rappeler celle d’Harold et Maude, mettant en contexte une idylle entre deux personnes avec un grand écart d’âge. Le film exploite certains thèmes qui sont moins abordés habituellement dans notre cinéma québécois comme la sexualité chez les personnes âgées.
Dans le film d’Ara Ball, c’est une relation intime qui se développe entre un adolescent et une dame du troisième âge campée par Robert Naylor et France Castel. Cette dernière joue la voisine en campagne, alors que l’adolescent y est de passage afin de compléter son secondaire. Ses parents (Patrice Robitaille et Julie Le Breton) l’ont emmené à cet endroit de force afin qu’il délaisse sa vie de rebelle et reprenne le droit chemin. Mais c’est bien mal connaître leur fils. Les parents, eux-mêmes en difficulté dans leur propre couple auront du mal à composer avec les événements échappant à leur mode de vie et leur compréhension.
Robert Naylor livre une performance convaincante dans le rôle de ce jeune punk un peu désabusé et à la fois perdu dans ses réflexions, qui se questionne sur sa place dans le monde. C’est un bonheur de retrouver France Castel dans un premier rôle, dans lequel elle seule pouvait incarner un personnage avec autant de folie que de vécu. Ce personnage est d’ailleurs nuancé, le romantisme est aussi accompagné d’influence discutable sur son amant, car comme elle le précise elle-même, c’est aussi une rebelle et on la regarde de travers depuis sa naissance.
Ensuite, les années 1990 sont agréablement bien recréées. Ce n’est pas par hasard que l’histoire se déroule en 1995, en plein référendum, alors que le jeune Miron aspire à l’autonomie et l’indépendance. D’ailleurs, son prénom évoque le nom du poète Gaston Miron, qui rappelle à son tour le nom de l’école dans La chute de Sparte, qui est encore à l’affiche.
L’humour et le drame se chevauchent. Les quelques incursions dans l’imaginaire comme les cauchemars sont savoureuses. L’hommage à un classique américain est bien trouvé. Le titre original prend tout son sens à notre plus grand étonnement.
Seul bémol, les dialogues entre le couple excentrique sonnaient parfois faux de par leur profondeur ou sagesse. Le jeu des acteurs était toutefois très naturel. Au final, c’est un questionnement sur notre recherche du bonheur, de l’amour, de notre identité.
Le film est présentement à l’affiche à La Maison du Cinéma.