Depuis les dernières élections, la situation politique des États-Unis fait beaucoup parler, que ce soit à cause des accusations de Trump, des événements du Capitole ou encore de l’investiture de Joe Biden. L’équipe d’Entrée Libre a décidé d’interroger des citoyens américains, afin de mieux comprendre comment eux l’ont vécu, de l’intérieur.
Témoignage de Christine Murphy, du Maine
« Être une américaine en ce moment est épuisant, effrayant, déroutant et embarrassant. La combinaison de la présidence corrompue de Trump et de la COVID est surréelle. […] Je me demande tous les jours jusqu’à quel point ça pourrait être pire.
Une des choses les plus terrifiantes des dernières semaines a été de voir qu’un aussi grand nombre d’extrémistes et d’adeptes de QAnon vivent parmi nous, puis de voir jusqu’où ils sont prêts à aller. Certains d’entre eux ont un poste au sein de notre gouvernement, ce qui est préoccupant, considérant qu’ils ont le pouvoir de prendre des décisions qui affectent notre pays.
Ça aide de savoir que Biden prendra la relève, mais ça ne règle pas tout. Je crois qu’il faudra bien du temps pour surmonter ce conflit qui ronge les États-Unis. La question du racisme est une réalité triste et effrayante. La colère et la haine sont des choses épuisantes, même quand on ne les vit pas personnellement.
Pour ce qui en est de la situation de la COVID-19, il est triste et frustrant de constater que malgré le nombre grandissant de malades et de morts, les gens s’indignent surtout à propos de leurs droits. […] Je pense que le reste du monde doit nous regarder en pensant que les américains sont un peuple égoïste, moralisateur et rancunier… Et pour la plupart, ils ont raison.
Je crois que l’investiture de Biden sera un bon point de départ pour calmer les choses. Il a de l’expérience et de la compassion, puis n’a pas l’esprit de revanche. Ainsi, j’espère qu’il pourra nous aider à restaurer un peu d’équilibre. »
Au lendemain de l’investiture de Joe Biden, Christine nous a écrit pour une mise à jour :
« Depuis hier soir et encore aujourd’hui, plusieurs de mes ami.e.s et moi partageons une grande excitation. On respire enfin! L’idée de se concentrer à travailler ensemble pour remettre les États-Unis sur la bonne voie nous donne espoir. […] »
Témoignage de Doug Anderson, de la Pennsylvanie :
Avant l’inauguration du 20 janvier, «anxieux» serait la meilleure description de mon état d’âme. Maintenant, «espoir» est la meilleure description, mais «espoir avec scepticisme» serait probablement mieux, car il est peu probable que l’inégalité économique et judiciaire soit résolue sans un changement radical.
Joe Biden était probablement la meilleure personne pour sauver les États-Unis de la manie culte de Donald Trump. Notre candidate préférée d’un point de vue politique était sans aucun doute Elizabeth Warren, car elle cherche à résoudre les problèmes profondément enracinés qui affectent négativement à la fois les personnes à tendance progressiste typiques (immigrants et personnes de couleur) et les autres «libéraux» traditionnels (au sens américain!), mais aussi les problèmes touchant les gens de la base qui ont soutenu Donald Trump. Trump a pu échanger sur l’utilisation d’un bouc émissaire (il en a toujours un ou plusieurs) pour attiser la peur des Blancs à mesure que les autres gagnent. Mais en vérité, le problème est le corporatisme et les actions néolibérales que de nombreux républicains ont trouvé utiles à leurs propres fins. Biden (et Kamala Harris) ne sont pas susceptibles de prendre en charge les intérêts enracinés qui rendent la vie difficile à beaucoup tout en enrichissant les déjà riches. Si Elizabeth Warren, Berny Sanders, Alexandria Ocasio-Cortez et d’autres peuvent les tirer à gauche et montrer les résultats à ceux qui croient encore au fer à cheval colporté par les Trumpistes, alors l’espoir sera validé.
Témoignage de David D’Angelo, de la Caroline du Nord :
« J’ai toujours eu une relation d’amour-haine avec ce pays. J’aime la beauté de ses paysage, mais déteste son histoire de génocide, d’esclavage et d’oppression […]. Je suis un homme aux traits caucasiens, ayant pu bénéficier des privilèges d’un système bâti pour quelqu’un comme moi… Mais pas pour quelqu’un de tout à fait comme moi non plus. Mon père est péruvien et a eu de la difficulté à être accepté dans ce pays […]
J’ai grandi en Floride, puis en Caroline du Nord. Certains m’ont vu comme un blanc, d’autres comme un latino. Les caucasiens m’ayant perçu comme un latino me traitent de mexicain et d’autres insultes racistes qu’on leur réserve […]. Bien que ce vécu m’ait ouvert les yeux, je suis bien loin d’avoir vécu un racisme aussi violent que celui vécu par les personnes noires de ce pays […]
Donc, quand j’ai vu plus tôt en janvier un groupe de suprémacistes blancs envahir le Capitole et la faible réponse des forces de l’ordre, ça m’a détruit. J’étais en colère face à l’injustice et l’hypocrisie. Pourquoi avoir traité avec autant de dédain les manifestants du mouvement Black Lives Matter, alors qu’on a permis une insurrection de se produire aussi aisément ? […] Nous avons vu qu’aux yeux de la lois, les personnes blanches manifestent, tandis que les personnes de couleur participent à des émeutes; et ce peu importe si les personnes de couleurs se tiennent pacifiquement et que les personnes blanches soient en train de détruire des propriétés et de manquer de respect à une nation entière.
Bientôt, un nouvel homme assurera la présidence avec, pour la première fois, une femme comme vice-présidente. Une femme de couleur. Cela marque un moment historique. Il est plus que nécessaire de changer l’histoire. Ce changement ne se fera pas aisément, mais il a commencé. J’ai espoir d’un futur meilleur, parce que n’importe quoi sera meilleur que notre passé. »
Témoignages complets originaux
Christine Murphy, Maine :
« To be an American right now is exhausting, frightening, confusing and embarrassing. The combination of the corrupt Trump presidency and COVID is surreal. Everyday you wake up and think…’how crazy it all is, what’s going to happen today, how much worse can it get?
One of the most frightening things of the last few weeks has been the awareness of how many domestic extremists and QAnon followers that we have living amongst us and how far they are willing to go.
There is a good amount of these people who now hold political office and that too is scary, because they have the power to make decisions that affect the country. It does help to know that Biden is coming in, but that doesn’t fix it. I think it will take a long time to work through this conflict that has spread across the US. Racism is such a sad and frightening thing. Hate and anger [are] so exhausting, even if you’re just observing it from the outside. As for the Covid situation, that is sad and frustrating. With all the sickness and death and still people are screaming about their rights. It’s truly horrifying. I think the rest of the world must look at us and think that Americans are such selfish, self righteous, spiteful babies, and for the most part they’re right.
I do think Biden will make a good beginning to calm things down. He has experience and he isn’t vengeful. He’s compassionate, so I hope that will help us restore some balance. »
Update (on January, 20th) :
« I, and many of my friends, have been feeling a real excitement last night and this morning. We are breathing again. There is such a feeling of hope. empathy and focus on working to get America back on the right track. A sense of unity. »
David D’Angelo, Caroline du Nord :
« What does it mean to be an American?
I have always had a love-hate relationship with this country. I love the beauty of the land, I hate the history of genocide, slavery, and oppression that built this nation into an apex predator in a global ecosystem.
I, a white passing male, have been privileged for the most part living in this land, I have inadvertently been able to benefit from the systems that were put in place for someone like me. But honestly, not someone entirely like me. My father is Peruvian, and he struggled being accepted into a country that is supposedly a land of freedom and opportunity. My mother is white, and did her best to teach us acceptance and love for all cultures.
Growing up in Florida and then North Carolina, some saw me as white and some saw me as latino. Well, to the causasion individuals who saw me as latino they actually called me mexican, and would often fire off racial slurs for mexican americans. Why? Prejudice? Ignorance? And while that opened my eyes, it does not even begin to come close to the racism experienced by black individuals in this country.
So, as we know all too well, it is not that same land of freedom and opportunity if your skin is a dark hue or if your voice speaks languages of other nationalities. In fact, the pinnacle of hypocrisy is that those who are truly from this land, Indegenious peoples of the americas, were the first groups of people treated as lesser than, from individuals who had no place to claim this land as their own.
So earlier this January, 2021 when I saw groups of angry white supremacists mobbing our nation’s capital, and the law enforcement letting them treat it like their sociopathic playground, I was distraught inside. I felt angered, the injustice and hypocrisy was so strong, so palpable. Why had the Black Lives Matter protests been treated with such disdain while this insurrection was allowed to happen in the manner it did? It showed us in plain daylight the unequal treatment between people of color and white individuals. In the eyes of law enforcement a protest is a group of white folks and a riot is a group of black and brown folks, no matter whether the black and brown folks are standing peacefully while the white folks are destroying property and disrespecting an entire nation.
In roughly 10 minutes a new man will be sworn into office, and for the first time with a woman vice president. A woman of color. This marks a momentous day in history. The time for changing the narrative of America has never been more necessary. This change won’t come easily, but it has started. I am hopeful for a brighter future in due time, because anything is brighter than our past. »
Doug Anderson, Pennsylvanie
Before the Inauguration on January 20, « anxious » would be the best description. Now, « hopeful » is the best description, but « skeptically hopeful » would probably be better, as the economic and justice inequality is unlikely to be addressed without dramatic change.
Joe Biden was probably the best person to rescue the US from the cult mania of Donald Trump. Our preferred candidate from a policy perspective was definitely Elizabeth Warren, because she looks to address the deep-seated issues that negatively affect both the typical progressive-leaning people (immigrants and people of color) and other traditional « liberals » (in the US sense!), but also the issues affecting the rank-and-file people who supported Donald Trump. Trump was able to trade on the use of a scapegoat (he always has one or more) to stoke the fear of whites as others gain. But in truth, the trouble is the corporatism and neoliberal actions that many Republicans found useful for their own purposes. Biden (and Harris) are not likely to take on the entrenched interests that make life tough for many while enriching the already rich. If Warren, Sanders, AOC and others can pull them left and show the results to those who still believe the horseshit peddled by Trumpists, then the hope will be validated.