Daniel Grou, aussi connu sous le nom de Podz, était de passage à Sherbrooke le 18 juillet dernier pour nous présenter la première de King Dave, son tout dernier long-métrage de fiction qui met en vedette Alexandre Goyette dans le rôle-titre. King Dave c’est l’histoire de Dave, cet adulescent qui s’engouffre de plus en plus dans le trouble de par les choix qu’il va décider d’entreprendre. Le tout est raconté de la bouche même de Dave, qui brise le quatrième mur en s’adressant directement à la caméra, dans un long plan-séquence de 100 minutes, rien de moins! Podz, c’est le roi, que dis-je, le king des plans-séquences. On a pu le voir exercer ses talents dans de nombreuses séries québécoises du petit écran, dont 19-2. L’équipe d’Entrée Libre a eu la chance de s’entretenir avec lui, lors de son passage en ville.
Entrée Libre Tout le monde se souvient du plan-séquence dans 19-2 qui a vraiment marqué l’univers de la télévision au Québec. Est-ce que c’est un peu ça qui a été le point de départ pour le film King Dave, est-ce que ça a été comme un élan pour faire un long métrage?
Podz Non, pas vraiment parce que l’idée du plan-séquence de King Dave est venue avant 19-2. Je te dirais que 19-2, on testait une couple de théories, mais tu rentres là-dedans avec eux autres et tu les accompagnes à l’école. Tandis que King Dave, c’est une autre affaire parce que tu l’accompagnes dans ce qu’il nous raconte, mais il le raconte sur 10 jours. Ça ne peut pas être en parallèle, donc notre plan-séquence sert à nous garder dans des codes psychologiques et dans ce qu’il ressent.
EL On a vu tout récemment un film comme Birdman, qui a quand même fait jaser beaucoup, malgré que Birdman, si je ne me trompe pas, ce n’était pas un vrai plan-séquence, ça a été coupé à quelques endroits. King Dave c’est un vrai plan-séquence?
Podz Nous autres, c’est un vrai plan-séquence. Dans Birdman, on suit la performance, puis on suit la trajectoire de Michael Keaton, là je voulais qu’on suive le voyage du personnage de King Dave, mais qu’on le suive sans interruption, puis étant donné que c’est juste dans un seul souffle, on l’accompagne physiquement dans l’affaire, dans la trajectoire. C’était important pour moi de garder l’unité de ça. Quand il est rendu admettons à 80 minutes, tu sens dans le film que ça n’a jamais coupé, bien tu fais comme okay, lui aussi ça fait 80 minutes qu’il roule. Tu roules avec lui. C’est comme s’il part à courir pendant un marathon, mais la caméra elle le suit. Tu vois tout ce que ça prend pour arriver là, ce que ça a pris au comédien pour arriver dans cet état-là, c’est la même chose que ça prend au personnage d’arriver là. On mélange le fond et la forme.
EL Il y a quand même des thèmes qui reviennent souvent dans votre œuvre dont le morbide, on dirait que la mort est souvent présente, est-ce que je me trompe en disant ça?
Podz C’est sûr que la mort est présente, mais ce qui semble revenir souvent, c’est du monde pris, pogné quelque part, dans une certaine prison, dans un certain carcan, puis qui ont de la misère à se sortir de ce carcan-là. Dave, il est vraiment pogné dans un genre de carcan qu’il s’est lui-même imposé. Il faut que je sois de même, il faut que j’agisse comme ça pour avoir l’air d’un king et il se trompe royalement. Ça fait partie de ma démarche, puis j’ai toujours eu horreur de ça, j’haïs l’autorité, je n’aime pas ça me faire dire quoi faire, je n’aime pas ça me faire dire il faut que tu ailles là à telle heure. J’aime ça moi dire je vais aller là à telle heure. Fait que c’est un genre de crainte que j’ai, moi, d’être pris, d’être piégé, puis j’essaie d’éviter ça le plus possible.