Récemment, au cours d’une discussion de groupe sur l’image corporelle, une amie qui m’est très chère a souligné que lorsqu’elle se trouve chez elle, dans sa petite routine, elle ne se pose pas de questions sur son apparence, fait du sport pour le plaisir et mange ce qui lui plaît.
Toutefois, elle a soulevé le fait que tout devient très différent lorsqu’elle retourne passer quelques jours avec sa famille élargie : jugement plus sévère de son propre physique, culpabilité en mangeant certains aliments, sentiment qu’aller faire du sport devient un impératif et oups ! Au revoir le plaisir… Lorsque je lui ai demandé pourquoi un tel changement, sa réponse nous a donné à réfléchir : « Parce que dès que je me retrouve en famille, j’entends les jugements que tous portent sur moi et les autres, que les autres filles parlent du poids qu’elles ont perdu ou gagné, que plusieurs font des commentaires sur la nourriture qu’il y a sur la table ou sur celle que les gens mettent dans leurs assiettes… »
Le jugement : nous n’avons pas toujours conscience de sa présence, mais il est partout, même là où on s’y attend le moins. Il peut se présenter sous la forme d’un article un peu moralisateur dans un magazine de mode, d’une remarque anodine passée par une amie qui compare son apparence à la vôtre, d’une blague banale faite par votre père à l’égard d’une personne qu’il considère en surpoids à la télévision, d’un commentaire moqueur échangé entre deux vendeuses au magasin, visant une cliente au physique différent… et, éventuellement, d’une petite voix dans notre tête qui critique tout ce que nous faisons, ce que nous sommes.
Nous ne réalisons pas l’impact que ce genre de petits détails peut avoir sur nous, parce que nous baignons dans cette culture au quotidien ! Pour mon amie, il est évident que sa famille n’est pas mal intentionnée, mais qu’elle agit un peu par habitude, à l’image du monde dans lequel elle évolue… et elle n’a pas tort. Malgré tout, n’est-il pas désolant de constater que pour nous, il est normal de juger sévèrement les autres à tort et à travers, en nous fiant à leur physique, leur tenue vestimentaire, leur attitude, mais sans les connaître réellement ? Et ne sommes-nous pas encore plus critiques envers nous-mêmes, alors que nous connaissons nos forces, nos qualités, toutes ces choses qui font qu’un tel jugement devient ridicule, parce qu’il n’est basé que sur la pointe de l’iceberg ?
Arrêtons-nous un moment et réfléchissons avant de critiquer ouvertement le physique de quelqu’un d’autre, son attitude ou ses goûts. N’avons-nous pas notre propre apparence et nos propres intérêts pour lesquels nous souhaiterions le respect des autres ? Le changement commence par de petites actions personnelles ; modifier le regard que nous posons sur les autres peut être un premier pas vers une nouvelle façon de voir l’apparence physique, un premier pas vers l’acceptation d’une saine diversité corporelle. Après tout, des dizaines de regards neufs peuvent entraîner graduellement une nouvelle vision des choses ! Et, qui sait, dans quelques années, peut-être que la peur du jugement d’autrui ne sera plus qu’un mauvais souvenir…