Si du côté du gouvernement provincial, ça pue les élections à plein nez, c’est pas mal plus tranquille au niveau municipal… Les chantiers engagés par l’administration précédente vont bon train – donnant par la même occasion de sérieux maux de tête aux automobilistes et permettant aux usagers et usagères du transport en commun de se féliciter.
Avoir su que le chantier sur Galt démarrerait aussi tôt, je me serais peut-être même abstenue de casser du sucre sur le dos du groupe de travail sur le logement mis sur pied par Sherbrooke Citoyen.
Le logement, la responsabilité à qui ?
À Sherbrooke, autant la mairesse Évelyne Beaudin que la députée à l’Assemblée nationale Christine Labrie semblent se rendre compte de la crise du logement actuelle et talonnent le premier ministre Legault sur la question. Pour elles, pas question que le provincial ne se défile de sa responsabilité pour remettre le fardeau aux villes. C’est que sans l’apport des autres paliers de gouvernements – ici, le provincial – celles-ci ont les mains liées quant à ce qu’il est possible de faire.
Avec cette idée en tête, j’ai donc décidé d’aller chercher des poux à un autre palier de gouvernance : le fédéral. Pour citer la députée libérale Élisabeth Brière, le 8 avril 20221 : « À Sherbrooke, nous vivons une crise du logement majeure. »
Jusque-là, je suis d’accord. Mais, elle poursuit : « Les mesures proposées au budget [fédéral] pour augmenter le nombre et accélérer la construction et la réparation de logements permettront à des familles, des travailleurs, des aînés de trouver un chez-soi sécuritaire et abordable. En incitant les villes à construire davantage de logements […] nous nous assurons que plus de logements seront disponibles et que notre objectif de garder le prix de location d’au moins 40 % des nouveaux logements égal ou inférieur à 80 % du prix moyen sera atteint. »
Ici, je trouve quelques failles à sa vision. D’abord, s’est-elle rendu compte que dans sa propre ville, de 2021 à 2022, le prix moyen2 du 3 ½ est passé de 737 $ à 912 $, celui du 4 ½ de 922 $ à 1133 $ et celui du 5 ½ de 1154 $ à 1457 $ ? Qu’à ce rythme, même les logements en deçà du prix moyen seront trop onéreux pour bien des sherbrookois·es, si rien n’est fait pour freiner la flambée des prix ?
Aussi, il ne faut pas oublier que ce n’est pas la construction de logements neufs qui pose problème. En effet, il s’est construit un nombre record de nouveaux logements dans la dernière année à Sherbrooke. Sauf que ceux de moins de cinq ans ne sont pas assujettis aux limites imposées par le TAL en matière de hausse de loyer… Aussi, en même temps qu’il y a eu un record de nouvelles constructions, il y a eu un boom populationnel important.
Alors, si la solution était vraiment une question de construction de logements, comment se fait-il que les prix aient gonflé autant? C’est que c’est plutôt une question de spéculation et de surchauffe immobilière. Et ça, sans régulation et mesure de contrôle, ou encore une crise économique majeure, ça risque de continuer…
Plus que l’affaire des villes
C’est que dans tout ça, le pouvoir des villes est relativement limité. Que leur reste-t-il de plus à faire? Tenir un registre des baux, comme pour Montréal? C’est que sans réglementation provinciale contre les hausses abusives, ni financement de la part du fédéral pour du logement vraiment abordable, on n’en mène pas large.
Messieurs les premiers ministres, cessons de jouer à l’autruche.