Inventaire des émissions de gaz à effet de serre de Sherbrooke

Date : 31 janvier 2020
| Chroniqueur.es : Sylvain Vigier
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À la fin de l’année passée, nous apprenions que la Ville de Nicolet dans la région du Centre-du-Québec, avait réduit de 20% ses émissions de gaz à effet de serre (GES) par rapport à ses émissions de 2009. Le conseil municipal de la ville S’était fixé cet objectif en 2012, et l’a obtenu un an avant la date prévue.

Ces réductions concernent uniquement ce qui est de la compétence de la ville (secteur corporatif), et pas de la totalité des émissions de la municipalité (celle des particuliers et industriels, appelées collectivité). Cependant, ce chiffre reste conséquent pour une ville qui administre plus de 8000 habitants, alors que la ville de Sherbrooke s’est donné comme objectif de réduire de 5% ses GES en 2016 par rapport à ses émissions de 2009. Qu’en est-il donc à ce jour des émissions de GES par la ville (corporatif) et sur son territoire (collectivité)? Plongée dans les 40 pages de « L’inventaire des GES de la Ville de Sherbrooke » publié en mars 2018.

Les émissions de GES de toute la municipalité de Sherbrooke (corporatif + collectivité) représentent 876 045 tCO2eq (tonnes équivalentes CO2; cette unité permet de convertir tous les GES en équivalent de réchauffement que provoque le CO2 qui est le plus important GES en volume émis par l’activité humaine). Pour se donner un point de repère de ce que cela représente, une auto essence de taille moyenne (genre Mazda 3) émet 1 tonne d’équivalent CO2 pour 5000 km parcourus. Autre façon de le dire, c’est comme si la ville de Sherbrooke parcourait en un an 4,4 milliards de kilomètres, soit plus de 11000 fois la distance de la Terre à la Lune ou une distance en auto de 26000 kilomètres pour chaque habitant de la ville (enfants compris). Bref, tout ça fait beaucoup de GES et gardons à l’esprit que le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) recommande la neutralité carbone, soit pas d’émission qui n’est compensée par un captage par des arbres par exemple, d’ici 2040 si on veut limiter le réchauffement mondial à 1,5°C.

Pour ce qui est des émissions imputables exclusivement à l’appareil de la Ville, elles représentent seulement 2% de celles de toute la municipalité (17923 tCO2eq). On voit donc que même si des efforts peuvent être faits par la Ville, cela ne représente qu’une part très minime des émissions de la municipalité. La majorité des émissions de la Ville (89%) sont liées au transport, ce qui inclut les émissions de la Société de Transport de Sherbrooke (STS). La Ville a réduit de 2,5% ses émissions de GES par rapport à 2009, ce qui est donc inférieur aux objectifs qu’elle s’était donné. Les postes de réduction majeure sont l’éclairage public (- 13%) et le parc de véhicules motorisés (-6%), probablement par l’arrivée de bus hybrides à la STS. Par contre les émissions liées aux bâtiments et installations ont elles augmenté de 41% et représentent environ 11% des émissions de la Ville.

Inventaire GES Sherbrooke_1

Secteurs d’émission de GES sur toute la ville de Sherbrooke

L’évolution des émissions de GES de la collectivité à Sherbrooke est plus difficile à analyser dans la mesure où les émissions liées aux bâtiments résidentiels, industriels et commerciaux ne sont répertoriées que depuis 2016. Les émissions collectives représentent 98% de celles de la municipalité. Les secteurs les plus importants sont les bâtiments (31%) et les transports (57%) alors que l’enfouissement des matières résiduelles ne représente que 5,4% des émissions totales des particuliers et industriels. On peut donc se dire qu’il est bien plus important de réduire ses déplacements en auto-solo et de favoriser la rénovation et le développement de bâtiments économes en énergie pour réduire de façon significative nos émissions de GES plutôt que de composter ou même réduire ses déchets alors qu’actuellement l’attention des actions pour l’environnement sont très portées sur ce dernier point. Cependant, les émissions liées au transport ont diminué de 3% depuis 2009 et les émissions totales du secteur collectif ont diminué de 2,6%, mais sur ce dernier point les chiffres partiels des années précédentes ne permettent pas d’avoir une vision claire.

Si l’on se base sur les données comparables disponibles entre 2009 et 2016, les émissions totales de GES sur la municipalité de Sherbrooke ont diminué de 2,6%, ce qui représente une réduction de 9,6% par habitant, résultat tout de même positif. En revanche, les projections sur l’évolution des émissions de GES sur 10 ans en « situations d’affaires courantes » ne sont vraiment pas encourageantes car elles prévoient une progression constante des émissions pour atteindre +5,5% en 2026 par rapport à 2016. Le document d’inventaire des émissions de GES de la ville de Sherbrooke nous permet d’avoir l’heure juste sur quels secteurs produisent le plus de GES et donc sur quels secteurs il nous faut concentrer nos efforts.

Malheureusement, et nous ne devrions pas être surpris, c’est bien le secteur du transport sur lequel il faut se concentrer. Ceci implique donc une remise en cause individuelle et collective de nos pratiques et modes de déplacement. On voit également dans ce rapport que la « situation d’affaires courantes » va vers plus d’émissions de GES. Le statuquo et le « business as usual » ne sont en tout cas plus possibles pour atteindre les objectifs réclamés par le GIEC pour les prochains 20 ans.

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