On met tant d’efforts et d’argent pour des choses qui sont un peu désastreuses pour notre vie ou pour le sort de la planète qu’il serait normal de faire l’effort d’avoir un jardin pour notre bien-être et celui des autres. Cette année, nous avons voulu nous assurer qu’il y aurait bel et bien un endroit en plein coeur de la ville pour voir en oeuvre toute la fécondité de la terre! Mais combien cela peut coûter? Surtout que j’étais résolu à aménager en jardin la moitié du terrain convoité.
Ça coûte des sous, c’est certain! 200 $ pour le tracteur qui est venu labourer le champ, étendre et mélanger les deux voyages de dix roues de compost de fumier de cheval. Celui-ci nous était donné, mais il en a coûté environ 400 $ pour le faire livrer. Puis les semences, les barils d’eau, les boyaux d’arrosage et les arrosoirs… En tout, environ 800 $! Heureusement, c’est exactement le montant en commandite que j’ai réussi à obtenir auprès de certains fournisseurs de notre dépanneur.
Quel est ce terrain? Mais c’est le champ superbe au côté d’un ancien lave-auto entre Bowen sud et le boulevard Saint-François, que les usagers de la Chaudronnée et les résidents du coin traversent pour sauver quelques minutes de marche et qui donne vue sur la rivière Saint-François. Comment avons-nous fait pour nous entendre avec le propriétaire du terrain? Je lui ai proposé que notre dépanneur prenne en charge les assurances en responsabilité découlant des activités de jardinage sur son terrain. Heureusement, le propriétaire comprenait nos motivations! Toutefois, celui-ci avait un associé qui voulait une forme de compensation. Nous avons trouvé un terrain d’entente en nous associant avec Action Saint-François pour que ceux-ci puissent fournir un reçu de bienfaisance au propriétaire, égal à la valeur de la taxe foncière qu’il paie pour le terrain.
Ce n’est que vers la troisième semaine de juin que nous avons pu accueillir le tracteur et les camions de fumier sur le site. Que de sensations! C’est un tout petit tracteur muni d’un motoculteur qui a retourné la terre et coupé les grandes herbes. Celui-ci est parvenu à faire son travail, mais cela n’a pas été facile : il a dû s’arrêter une vingtaine de fois à cause de trop grosses roches!
Tout le reste s’est fait à la main : enlever les roches, modeler des rangs en pelletant la terre. Mais c’est ça, la joie d’un potager; il y a du travail à faire chaque jour et tout spécialement au début! Et parfois, c’est un peu stressant, comme lorsqu’il faut planter plus de deux cents plants de légumes en une fin d’après-midi! Nous avons sollicité des dons de plants auprès des serres de la ville et ceux-ci ont bien répondu à l’appel. Heureusement, nous avons eu un coup de main spontané de bénévoles pour les planter…
C’est huit mille pieds carrés de potager dont il est question, avec plus de cent plants de tomates. Et je suis fier de pouvoir vous dire que ça pousse! Il y a de la laitue, des fèves, des concombres, des choux, des brocolis, des piments, des cerises de terre, du persil, des aubergines, du basilic et des tomates. Il faut dire que c’est surtout moi et ma femme qui nous en occupons. Nous y allons avec nos enfants et c’est bon pour eux. En fait, c’est bon pour tout le monde. De toute façon, vous êtes tous invités à venir y faire un tour et y cueillir quelque chose.
L’auteur est propriétaire du Free-go communautaire et Chef intérimaire du parti Comme une eau Terre.