Le 17 octobre prochain, comme tous les ans, c’est la journée mondiale du refus de la misère. Après bientôt deux ans de pandémie, nous avons vu les discours évoluer et se transformer en un marasme face aux injustices. Du « Ça va bien aller » à la PCU (Prestation canadienne d’urgence), nous sommes maintenant aux prises avec un discours répandu, accusant ces mesures d’être à l’origine de la pénurie de main-d’œuvre actuelle et d’être une menace pour notre économie. Nous aimerions profiter de la tribune que cette lettre nous donne pour exprimer notre révolte face à ces discours ambiants qui empestent le recul social et l’austérité.
Commençons par relativiser ce que représente la PCU (et les programmes qui en ont découlé). Cinq cents dollars par semaine peut sembler beaucoup, mais en perspective, on parle d’au GROS maximum 26 000 $, imposable, si une personne utilisait ces programmes pendant une année complète.
Cela ne prend pas en compte que maintenant le PCRE (Programme canadien de relance économique) ne donne que 300 $ par semaine pour les nouvelles demandes depuis juillet 2021. Ce montant est moindre que ce qu’une personne travaillant au salaire minimum à 40 heures reçoit, et c’est aussi à peine plus que la mesure du panier de consommation, soit la base pour survivre, dans la majorité des régions du Québec. Ces montants ont permis à des centaines de milliers de Canadiens de traverser la pandémie sans se retrouver à la rue : rappelons que, selon Statistique Canada, 8,90 MILLIONS de Canadiens et Canadiennes ont fait une demande de PCU ou de PCRE. Cette aide a été, et est, vitale pour beaucoup de personnes!
Et la pénurie de main-d’œuvre, alors?
Plusieurs économistes disent qu’il est trop tôt pour avancer si la PCU et la PCRE ont eu des impacts sur la pénurie de main d’œuvre. . Dans les discours qui tentent de faire ce rapprochement hâtif, un élément est totalement délaissé de leur « réflexion » : la décroissance de la population active. Dans les 10 dernières années, le Québec a vu l’entrée de 20 000 personnes dans la tranche d’âge des 20 à 64 ans et le départ de 500 000 personnes de cette tranche d’âge vers les 65 ans et plus (selon Statistique Canada). Ceci est, entre autres, la conséquence directe du faible taux d’immigration de la province… Face à ces chiffres, il est difficile de réellement penser qu’au cœur de cette pénurie, qui était d’ailleurs déjà visible en 2019, sont les quelques mois de PCU ou PCRE que les travailleuses et travailleurs ont touchés pour les garder hors de la misère.
Nous trouvons révoltant d’entendre, lors de débats télévisés, qu’empêcher des citoyennes et citoyens de tomber dans la précarité, c’est de jeter l’argent par les fenêtres! Pourtant ce sont ces mêmes citoyens qui sont à base de notre économie; ils vont se retrouver des emplois, font fonctionner le pays, dépensent leur argent ici, paient leurs taxes, et l’on voudrait les laisser tomber soi-disant pour sauver l’économie et épargner la sacro-sainte dette? Quel est le rôle d’un État si ce n’est pas d’intervenir auprès de sa population dans ces situations?
La Table d’action contre l’appauvrissement de l’Estrie pense non seulement que chaque dollar investi pour permettre à des millions de canadiens et de canadiennes à garder la tête hors de l’eau en vaut la peine, mais que nos gouvernements, autant au fédéral qu’au provincial, doivent en faire plus pour que chaque personne ait la chance de se développer à son plein potentiel afin de redonner à sa communauté et, surtout, pour pouvoir vivre dans la dignité!
Cette année, la journée internationale du refus de la misère coïncide avec la 5e action internationale de la Marche mondiale des femmes et nous avons décidé de joindre nos voix avec celles-ci pour l’action estrienne. La TACAE y sera donc présente pour représenter le volet pauvreté chez les femmes.
Nous vous invitons à l’action estrienne qui aura lieu à Magog, sur la plage des cantons, le dimanche 17 octobre de 13h à 15:30!
La mission de la Table est de lutter contre les causes de l’appauvrissement de la population estrienne.