Retour sur cet événement tant attendu qu’est le Festival du Cinéma du Monde de Sherbrooke, édition 2017. Le festival en est à sa quatrième année d’existence et il a encore battu des records cette année en attirant plus de festivaliers que l’an passé avec ses 7400 entrées. Notons que des citoyens se sont plaints du manque de stationnements disponibles, tellement l’achalandage était grand. Un beau problème quoi! Parmi les 59 longs métrages de fiction, les 32 longs métrages documentaires et la quarantaine de courts métrages en provenance de 45 pays, quelques films ont été couronnés. C’est le film Home Care, qui est reparti avec le prix Cercle d’Or meilleur long métrage de fiction. Le prix Cercle d’Or meilleur documentaire a été remis au film A Flickering Truth, en plus de la mention spéciale décernée à l’actrice Alena Mihulova. Au niveau régional, c’est le film 24H de Marie-Lou Béland qui s’est vu remporter le fameux trophée.
Le coup de cœur de Jean-Benoît Baron
Parmi les films présentés pendant le festival, le drame Heartstone s’est particulièrement démarqué. Il était d’ailleurs en lice pour le prix Cercle d’Or meilleur long métrage de fiction. Le film originaire d’Islande et réalisé par Gudmundur Arnar Gudmundsson raconte l’histoire de Thor et de Christian, deux adolescents à la découverte de leur orientation, vivant dans un petit village de pêche isolé. L’un tente de conquérir une jeune fille et l’autre éprouve des sentiments pour son meilleur ami. C’est un film qui met en scène d’autres aspects de l’adolescence qu’on voit moins habituellement à l’écran, cela le rend original de cette façon. Les acteurs sont vrais, justes et crédibles. Que dire des paysages immensément magnifiques et de la lumière présente au sein des terres de l’Islande qui est encore plus magnifiée sur grand écran. Si un des mandats du festival est de nous faire voyager, ce film en est un bon exemple, nous avons le goût de nous y retrouver immédiatement. Au-delà de l’histoire principale de Thor et Christian, le film met aussi en avant-plan les problématiques de la petitesse du village. En effet, la mère divorcée de Thor tente de se trouver une nouvelle personne dans sa vie, et ce n’est pas chose facile, de même que les problèmes de comportement violent du père de Christian. Dans un monde où il est encore difficile pour la communauté LGBTQ d’exprimer librement son identité, il en est tout autre chose lorsque cette même identité doit être vécue dans un petit village éloigné du reste du monde. Heartstone est un film à voir et à revoir parce qu’il est touchant, beau et criant de vérité.
Le coup de cœur d’Evelyne Papillon
Folles de joie (La pazza gioia) est le film qui m’a le plus touchée et fait rire parmi les sept que j’ai eu la chance de visionner. Deux personnages féminins forts se rencontrent, deux opposés qui apprendront l’une de l’autre. La psychiatrie, la criminalité et la réinsertion se côtoient. Alors que les deux femmes s’échappent de leur centre, on est tantôt heureux pour elles, tantôt franchement inquiet. Dans ce film italien, on parle sans arrêt, et j’ai pourtant trouvé qu’il n’y avait pas une ligne de trop. Le sous-titrage était bien réalisé, nous laissant le temps de lire les bouillants dialogues. Il y a tout un cheminement vers l’acceptation de l’aide lorsque l’on a une maladie mentale, mais l’histoire parle avant tout d’une fichue belle quête de liberté et du désir de s’épanouir qui porte ces deux personnages usés par la vie. Pour un sujet quand même délicat, il est heureusement traité avec nuance et humour.