La décision est tombée, les paramédics feront leur entrée dans les salles d’urgence pour prêter main-forte aux infirmières et désengorger le système de santé. Le ministre de la Santé a signé un décret duquel on permettra aux paramédics de réaliser davantage de soins de santé, non seulement dans les urgences, mais aussi dans les CHSLD, les hôpitaux et les CLSC. Bien que la Coalition des entreprises de services paramédicaux du Québec (CESPQ) accueille favorablement une telle nouvelle, il existe toutefois des bémols, et certains éléments méritent d’être clarifiés.
D’emblée, nous considérons qu’il s’agit d’une belle avancée au point de vue professionnel. Les paramédics sont des professionnels de la santé à part entière. Ils méritent d’être reconnus comme tels. Les paramédics voient ainsi leur champ de profession s’élargir, et pourront donc réaliser des actes cliniques. Il existe beaucoup d’actes faits par ces derniers qui étaient permis dans leur véhicule, mais qui n’étaient pas permis à l’intérieur d’un établissement de santé.
Cela dit, cette intégration des paramédics au réseau ne doit certainement pas constituer les prémisses d’une intégration à l’Ordre des infirmières du Québec (OIQ). Les deux professions ont leurs champs d’expertise respectifs. Nous avons le sentiment désagréable qu’il s’agit ici d’un risque pour ce projet prioritaire, et que nous estimons nécessaire à la protection du public. La CESPQ demande la création d’un ordre professionnel spécifique et avec des actes réservés pour les paramédics. Cela constitue une priorité faisant l’objet d’un vaste appui au Québec. D’ailleurs, le ministre de la Santé a pris un engagement en ce sens en mai 2021.
De plus, nous espérons en conséquence que le financement des mesures de désengorgement des urgences annoncées sera au rendez-vous. Nous avons en mémoire le plan gouvernemental d’un milliard de dollars pour pallier à la pénurie des infirmières. Nous croyons à juste titre que la « petite révolution » dans la gestion du système de la santé dont parle le premier ministre doit s’appliquer ici dans le cas des paramédics qui mettront la main à la pâte.
Aussi, le ministre de la Santé a annoncé en mai dernier le début de travaux portant sur une grande consultation visant l’adoption d’une politique québécoise sur les soins préhospitaliers d’urgence. Nous entendons toujours l’écho des paroles du ministre et estimons encore que cette consultation préalable à l’instauration d’une première politique ministérielle peut être porteuse de solutions fécondes pour le futur du secteur des soins préhospitaliers d’urgence. Nous sommes impatients de tenir pareille grande consultation, et espérons que les circonstances actuelles n’auront pas pour effet de la reléguer aux calendes grecques.
Notre association est déterminée à participer au développement de solutions efficaces, productives et accessibles permettant d’assurer, en région comme dans les centres urbains, une qualité et une continuité de services pour désengorger les salles d’urgence, pour améliorer les moyens d’accès aux soins et pour offrir partout des soins communautaires.
Mme Lise Goyer et M. Maxime Laviolette sont porte-paroles de la Coalition des entreprises de services paramédicaux du Québec.