Lettre ouverte aux député·e·s, rédigée le 10 décembre 2014.
En cette Journée internationale des droits de l’Homme de l’ONU, nous interpelons à nouveau les élus. Les organismes communautaires de défense collective des droits de l’Estrie sont très inquiets de l’attitude du gouvernement à l’égard des droits sociaux de la population québécoise.
Lorsque le gouvernement sabre allègrement dans les programmes et les services publics, c’est à la protection de nos droits sociaux qu’il s’attaque. Ces programmes et services ont été gagnés collectivement par des luttes actives de la population, principalement pour deux objectifs:
afin de nous protéger en cas de difficulté et de soutenir celles et ceux qui vivent des problématiques en lien avec les droits reconnus (la santé, les normes du travail, l’aide sociale, le logement social, etc.)
pour favoriser l’égalité des chances entre les individus (les CPE, l’éducation, la Charte des droits de la personne, le soutien aux personnes handicapées, etc.).
Les groupes de défense collective des droits dénoncent haut et fort l’impact dévastateur de l’austérité sur la population ainsi que la déresponsabilisation de l’État envers les personnes les plus vulnérables, qui seront immanquablement les plus touchées.
Dans la politique de reconnaissance de l’action communautaire adoptée en 2001, le gouvernement reconnaissait l’apport essentiel des groupes de défense collective des droits dans l’avènement de notre société respectueuse des droits sociaux. Par contre, depuis 2003, nos groupes n’ont reçu aucune augmentation de subvention, à quelques exceptions près, ni même une indexation de leur financement. Les organismes de défense collective des droits s’enlisent dans un sous-financement chronique, en moyenne de 45 000$/an en Estrie. Cet état de fait démontre le peu d’importance accordée par le gouvernement à la défense des droits sociaux.
En plus, plusieurs ministères nous utilisent comme cheap labor pour des services qu’ils n’offrent plus, comme répondre à des questions ou soutenir une personne dans la rédaction d’un formulaire de demande ou d’une plainte. Pourtant, notre rôle, tel que reconnu par le gouvernement, est de faire des actions collectives pour améliorer le respect des droits sociaux, pas d’être des sous-traitants!
Autre signe inquiétant, le désengagement de l’État face aux droits sociaux: il nous propose une entente de financement sur 18 mois, au lieu des trois ans habituel. En plus, plusieurs organismes auraient normalement dû recevoir leur financement au plus tard le 30 novembre et l’attendent toujours, créant ainsi de l’endettement et parfois des fermetures temporaires par manque de liquidité.
En cette journée mondiale des droits sociaux, nous refaisons une guignolée auprès des députés de la région pour leur rappeler l’importance des droits sociaux et leur remémorer que nous sommes toujours sans réponse quant à nos revendications: l’indexation rétroactive à 2001 (pour corriger l’iniquité avec les organismes de santé et de services sociaux) et l’augmentation du financement pour atteindre les seuils planchers (le minimum requis pour remplir notre mission) du Réseau Québécois de l’Action communautaire autonome.
Depuis maintenant trois ans, les organismes estriens de défense collective des droits discutent régulièrement avec les députés. Si cette nouvelle tentative reste vaine, nous devrons monter le ton. Les droits sociaux sont essentiels et ils se défendent collectivement!
Les 25 groupes en défense collective des droits de l’Estrie sont très présents auprès de la population. Ils agissent comme chiens de garde du respect des droits sociaux. Nous sommes actifs dans plusieurs secteurs en lien avec les droits reconnusdans les différentes lois, chartes et pactes que nous avons adoptés ou ratifiés.
Manon Brunelle (Illusion Emploi de l’Estrie), Viviane Doré-Nadeau (Concertaction femmes Estrie), Alexandre Lavallée (Table ronde des OVEP de l’Estrie), pour le Caucus estrien de défense collective de droits.