Afin de vous aider à vous familiariser avec les différents districts électoraux de Sherbrooke, l’équipe d’Entrée Libre a demandé à quelques artistes de nous présenter le leur. Voici ce qu’ils et elles avaient à nous dire…
J’ai longtemps cru qu’il est impossible de travailler en art ou en culture ailleurs que dans une grande ville. En particulier et surtout si tu travailles en cinéma… Quand j’ai fait le saut vers Sherbrooke il y quelques années, tout le monde m’a dit que j’étais folle. Cela a semé des doutes dans mon esprit… Et j’en avais encore avant l’arrivée de notre ennemi public # 1 (mieux connu sous le nom de COVID) dans nos vies mais depuis deux ans, je bénis ma décision !
Maintenant, j’habite dans l’arrondissement de Lennoxville (district Uplands). Soit, le vrai royaume du « Bonjour-Hi » … Francophones et Anglophones se côtoient et se parlent facilement dans une langue ou l’autre… Et oui, ici, un ancien bastion de Loyalistes, tous les anglophones que j’ai rencontrés maîtrisent parfaitement la langue de Molière. On retrouve également, dans mon district, un harmonieux mélange de personnes âgées, de jeunes familles et d’étudiants de Bishop. Les maisons sont coquettes et les gens que l’on croise nous saluent.
Nous sommes à distance de marche de services de proximité comme à la ville, mais nous habitons aussi à un jet de pierre de la rivière Massawipi. On se réveille au son des oiseaux et, surtout, on a de l’espace pour planter des fleurs et pour respirer… Ça ressemble au bonheur !
C’est bien beau tout ça, mais qu’en est-il du cinéma à Sherbrooke?
Honnêtement, cela n’a pas été évident au début et, pour mon premier tournage dans la région, j’ai fait appel à une équipe technique presqu’uniquement montréalaise. J’ai ensuite su qu’il y avait des gens tout aussi compétents ici. En fait, j’ai découvert que la région regorge de talents. Le problème c’est qu’ils doivent, la plupart du temps, se déplacer vers Montréal pour gagner leur vie.
Vous l’avez sûrement remarqué, les institutions qui financent le cinéma au Québec- sont encore extrêmement « Montréalo-centristes ». Les différentes réalités des régions ne semblent pas faire partie de leurs priorités.
J’espère que ça viendra, parce que TOUS les films produits ici le sont grâce à vos taxes et aux miennes. Alors c’est scandaleux de constater que même si l’Estrie représente 3,8 % de la population de la province, c’est à moins de 0,6 %1 que les œuvres des cinéastes de la région sont financées.
Ce qui n’aide aucunement les maisons de productions locales, ni les artistes installés ici, est que l’Estrie, tout comme la ville de Sherbrooke, sont assez peu généreuses avec leurs artistes et leurs travailleurs culturels. Sherbrooke serait même une des villes qui investit le moins en art et culture par capita. http://chng.it/LtDg4XFfgh
Cette constatation m’attriste grandement et je saurais trop encourager les politiciennes et politiciens de la région (et de tous les paliers de gouvernements) à s’engager à faire un sérieux rattrapage en ce domaine.
Que pourrait-on faire pour améliorer le sort du cinéma et de ses artisans dans la région? Mon rêve : Installer un grand studio de tournage à Sherbrooke. Non seulement cela attirerait plus de tournages américains, entre autres- en Estrie, mais cela serait également d’une grande utilité pour les gens de cinéma de Sherbrooke et des environs.
En plus de créer de l’emploi, de soutenir nos cinéastes actuels et émergeants, ce genre de projet représente des avantages politiques, culturels et financiers non négligeables :
valorisation de la culture à l’extérieur des grands centres,
initiative structurante pour la ville de Sherbrooke et la région de l’Estrie,
rétention de professionnels et source d’importantes de rentrées d’argent (via les taxes, la location du studio, de chambres hôtels, de frais de restauration, et autres).
Quand commence-t-on les travaux?
Marquise Lepage est cinéaste.