Dans le numéro du printemps 2022 du magazine Virage, nous apprenions que s’est tenue en novembre dernier la 15e conférence mondiale de la Fédération internationale du vieillissement, à Niagara Falls.
Pour l’occasion, la présidente du Réseau FADOQ, Mme Gisèle Tessier-Goodman, fut invitée à prononcer une allocution qui fut remarquée du fait qu’elle proposait de protéger les droits des aînés par une convention internationale engageant les élus à tout mettre en œuvre pour assurer l’épanouissement et le vieillissement des aînés dans la dignité. Avec raison, cette proposition fut chaleureusement accueillie par les participants. Une telle convention donnerait en effet des guides et des outils permettant de faire avancer les droits des aînés dans nos localités ainsi qu’au sein des diverses instances gouvernementales. De façon tout à fait judicieuse, Mme Tessier-Goodman a d’ailleurs intitulé l’article qui nous apprenait la nouvelle : « Une planète unie… pour ses aînés ».
Mais pour donner à cette convention internationale toutes ses chances d’atteindre ses objectifs, nous ne pourrons faire l’économie d’un travail parallèle et concomitant, qui devra prendre davantage en considération les défis de la crise climatique au sein de notre organisation, défis dont l’urgence est déjà manifeste au vu de l’intensité et de la fréquence des extrêmes climatiques. dans notre pays comme ailleurs dans le monde.
Lors du 50e anniversaire de la FADOQ, en 2020, une capsule vidéo d’une minute environ rappelait la détermination des artisans et artisanes de la FADOQ de « continuer à défendre le droit des aînés de vivre dans la dignité au moins pour les 50 prochaines années ».
Or les périodes de chaleur intense, les sécheresses, les feux de forêt destructeurs, la montée des eaux, les pluies diluviennes et les inondations, la pollution de l’air, l’accès de plus en plus restreint à l’eau et aux denrées alimentaires, l’augmentation de la fréquence des tempêtes et des ouragans, les déplacements de populations avec leurs conséquences sur les conflits d’occupation du territoire et sur la paix : tout cela ne se décline pas sur un horizon de 50 ans, mais se déroule actuellement sous nos yeux.
Le 28 février dernier, un nouveau rapport du GIEC (le Groupe international d’experts sur l’évolution du climat rattaché à l’ONU) sur la crise climatique et sur l’état de la planète lançait un avertissement qui avait des allures d’ULTIMATUM. En effet, selon ses auteurs, « les retards accumulés à procéder aux changements nécessaires font que la fenêtre d’opportunité pour un avenir viable se referme rapidement. » Aurélie Lanctôt, du Devoir, parlait d’« un véritable répertoire de la dévastation ».
Lors du lancement du rapport, le secrétaire général des Nations unies, M. Antonio Guterres, est allé jusqu’à quitter sa réserve habituelle de diplomate pour dénoncer l’ « abdication criminelle » des dirigeants de la planète face à la crise climatique. Et à l’occasion de la sortie du dernier volet du sixième rapport du GIEC, le 4 avril dernier, il en rajoutait : « Les militants du climat sont parfois dépeints comme de dangereux radicaux, alors que les véritables dangereux radicaux, ce sont les pays qui augmentent la production de combustibles fossiles. Investir dans de nouvelles infrastructures de combustibles fossiles est, moralement et économiquement, une folie »!
Pourtant, le 6 avril dernier nous apprenions que le gouvernement fédéral approuvait le projet d’exploitation des hydrocarbures en haute mer Bay du Nord au large de Terre-Neuve !
En quoi cela interpelle-t-il la FADOQ ?
La crise climatique met à mal les conditions de vie nécessaires à une vie digne non seulement pour les aînés, mais aussi pour nos enfants et nos petits-enfants. Et cela ne peut que souligner que la mission qui nous incombe d’assurer la dignité des conditions de vie des aînés pour les 50 prochaines années commence dès maintenant, dans la conscience du sentiment d’urgence d’une prise de parole publique plus forte concernant la crise climatique.
Comme aînés, nous avons une lourde responsabilité à l’égard des générations qui nous suivent : celle de garder vivants l’espoir et la confiance en l’avenir et en l’humanité. S’il est vrai que l’adoption d’une charte internationale des droits des aînés permet de croire en Une planète unie… pour ses aînés, il est tout aussi vrai que cela ne sera possible que si, parallèlement, on en appelle à Des aînés unis…pour la Planète.