Madame la mairesse,
Nos organisations, l’Association des locataires de Sherbrooke (ALS) et son regroupement national et le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), ont appris avec stupéfaction ce matin que la Ville de Sherbrooke veut dorénavant exiger une contribution monétaire aux locataires sans-logis en contrepartie d’un hébergement temporaire d’urgence. Nous souhaitons vous faire part de notre opposition véhémente à une telle mesure et vous demander de revoir cette décision.
L’aide d’urgence en est une de dernier recours pour des ménages dont certains sont à haut risque d’itinérance, dont le droit au logement est dangereusement compromis. Leur faire payer cette aide temporaire le temps de trouver un logement est contraire au principe de gratuité et d’universalité qui doit guider l’offre de programmes sociaux. De plus, cela ne tient pas compte des dépenses extraordinaires occasionnées par le fait d’être hébergé en motel ou en résidence étudiante, sans installation domestique de base pour cuisiner, pour laver son linge, voire être installé loin des services requis par le ménage, entrainant des dépenses exceptionnelles de transport, sans compter l’entreposage temporaire des biens mobiliers et devoir défrayer un ou déménagements, etc. D’autre part, ce serait ignorer de la situation financière très précaire de ces ménages. Exiger une contribution financière aurait pour conséquence de les précariser davantage.
La perspective qu’une telle contribution soit équivalente au loyer antérieurement payé par les locataires sans logis nous apparaît particulièrement odieuse. Nombre de ménages locataires victimes de la pénurie de logement – laquelle motive justement les mesures d’urgence et un service d’hébergement temporaire – payaient et payeront dans l’avenir une part beaucoup trop importante de leur revenu pour se loger.
Si le programme gouvernemental – qui rembourse 50 % des dépenses liées notamment à l’hébergement d’urgence – n’est pas assez généreux, c’est le gouvernement du Québec qu’il faut interpeller. Le FRAPRU et l’ALS seront heureux de joindre leurs voix à la vôtre sur ce sujet.
Enfin, nous sommes particulièrement préoccupés par le dangereux précédent que la décision de votre mairie introduit pour tout le Québec. En plus de 20 ans, aucune Ville n’a adopté une telle logique. La pression est forte, mais nous avons réussi jusqu’à maintenant à conserver le principe d’un accès gratuit à ce nécessaire soutien de dernier recours; nous vous demandons de nous soutenir dans cet effort.
Si vous souhaitez discuter de vive voix de ce sujet, il nous fera plaisir de vous rencontrer rapidement. Autrement, nous vous remercions à l’avance de la considération que vous porterez à notre demande que votre administration revienne rapidement sur sa décision de demander toute contribution monétaire aux ménages locataires sans-logis.