Vous en vouliez du spectacle et bien en voilà! L’organisation d’Omaterra ne pouvait produire un spectacle de près de 8 millions sans quelques bons scandales éclaboussants (je tenterai de contenir mes jeux de mots, n’ayez crainte).
Nous avons eu droit à plusieurs changements depuis le début de cette «fabuleuse histoire de l’eau» : budget toujours à la hausse, une scène au coût équivalent au reste de la production et le renvoi de la metteur en scène à un mois de la première. La corporation Cité des Rivières, qui produit le spectacle, devient habituée à semer le doute et la grogne. Si on se rappelle, en 2006, la dite corporation souhaitait construire un téléphérique dans les gorges de la Magog. Projet avorté par manque de réalisme, mais il aura fallu que deux firmes grassement payées nous l’affirme avant que M. Denis Berniez directeur général, croit la population. Deux ans auparavant, elle était aussi derrière une «activité promotionnelle» de rafting dans cette même gorge qui mena à la mort tragique de M. Réal Carbonneau. Ce dernier, véritable défenseur de la nature par ses implications diverses comme Directeur de la protection de la faune de l’Estrie et dans la création du marais Saint-François, qui porte d’ailleurs son nom, incarnait bien plus les valeurs de développement durable que n’importe quel spectacle à grand déploiement. En plus, en bon Sherbrookois, il adorait la pêche.
Omaterra s’annonçait déjà comme un autre gros éléphant blanc de cette machine récréotouristique qui produit du développement durable, mais on a poussé l’horreur encore plus loin. Le jour même de la mise à pied de la metteur en scène, les personnages principaux de la megaproduction change de nom. Madame Lunettes s’appellera Madame Purelle et Monsieur Robe-de-chambre deviendra Monsieur Sprinkler! Quoi que ce rebondissement puisse sembler anodin, je remercie mon collègue Matthieu Petit de m’avoir mis sur la piste. D’abord Purelle est l’homonyme de la marque du maintenant très fameux nettoyant à main Purell. C’est en fait du coup une belle publicité pour cette branche de Johnson & Johnson, multinationale pharmaceutique pesant 60 milliard de dollars qui n’est pas réputée pour assainir nos eaux avec ces déchets phytosanitaires. Je suis sûr qu’il s’agit en plus d’une publicité gratuite, vive le bénévolat! De plus, le Sprinkler est cette invention fameuse qui permet dans les incendies de sauver des vies… et aussi plus capitalistement d’asperger allègrement pelouse et terrain de golf de ce bien public qu’est l’eau. Mais n’ayez crainte, on entendra pas parler de la privatisation de l’eau, du gaspillage, des personnages illustrés de la protection de notre écosystème parce que comme le dit l’auteur-vedette d’Omaterra, Pierre-Yves Bernard : «Le thème de l’eau on le connaît, tout le monde sait que c’est une ressource fragile, ça sert à rien de revenir avec le même message». Oui Monsieur Bernard! Monsieur Sprinkler sait que l’eau est une ressource fragile, et surtout rare, et il compte bien nous vendre sa salade. Il faudra bien rembourser une partie de l’endettement des contribuables.