David contre Goliath : Le témoignage d’une cycliste d’hiver

Date : 11 mars 2025
| Chroniqueur.es : Laurence Williams
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Crédit image : Mikael Colville-Anderse

Devant un énorme pickup, comment une cycliste peut-elle faire le poids sur la route ?

Le 27 février dernier, je me suis fait accrocher par un pickup rouge en roulant sur la rue Saint-Francis entre Lennoxville et Sherbrooke. J’ai choisi ce trajet à ce moment, car la limite de vitesse est de 50km/h, contrairement à la rue Queen qui, bien qu’elle soit plus large, comporte des sections à 80 km/h.

Je ne saurai jamais si c’était intentionnel ou accidentel. Disons que pour accrocher l’épaule puis frôler les côtes d’une cycliste qui porte une veste réfléchissante et une lumière rouge, en plein jour, un accident est possible, mais difficile à croire. Heureusement, j’ai réussi à magiquement garder l’équilibre sur mon vélo et éviter de tomber. En tant que personne qui vit un syndrome postcommotionnel, chuter aurait eu un impact grave sur ma santé. Rien de cassé, mais quelques entorses dans la région du cou et du dos.

Le pickup ne s’est jamais arrêté, ni aucune autre voiture d’ailleurs, pour me venir en aide. Bien que j’aie immédiatement appelé la police pour faire un rapport, n’ayant pas eu la chance de prendre en note le numéro de plaque, le conducteur ne sera jamais retrouvé. Alors que j’ai attendu 6 heures à l’urgence pour faire des radios et que j’ai des entorses menant à une réduction d’activités, le conducteur du véhicule n’aura aucune conséquence de cet incident.

Est-il nécessaire de rappeler que les cyclistes sont vulnérables sur la route ? Nous choisissons tous les jours de mettre notre intégrité physique à risque pour réduire les gaz à effet de serre que nous produisons dans nos déplacements quotidiens, dans un objectif de bien commun. Est-ce qu’on peut au moins fournir les infrastructures sécuritaires pour permettre à tout le monde de se déplacer sans craindre pour sa vie ?

La présence d’une piste cyclable déneigée reliant Sherbrooke et Lennoxville aurait permis d’éviter cet accident. Malheureusement, il a été voté cet hiver par le Conseil municipal de retirer le projet pilote de déneigement des pistes cyclables, bien que le montant requis ne représentait que moins de 2 % du budget total dédié au déneigement. Pourtant, la majorité des grandes villes du Québec ont des pistes cyclables déneigées. Qu’attendons-nous à Sherbrooke pour suivre le mouvement ?

J’aimerais encore une fois faire appel à nos conseiller·ères municipaux pour s’assurer de fournir des pistes cyclables sécuritaires quatre saisons à Sherbrooke et à Lennoxville. Des vies sont en jeu, dont la mienne. 

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