Chronique du Vivant : Qui sème…

Date : 12 mars 2025
| Chroniqueur.es : Guillaume Manningham
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Crédit image : Guillaume Manningham

Qui sème le vent récolte la tempête. Qui sème la misère récolte la colère. Qui sème la souffrance récolte la résistance. Vous avez déjà entendu le premier proverbe, mais peut-être moins les deux derniers, scandés dans les manifestations qui montent le ton. Ces slogans se sont avérés parfois être de vrais avertissements qui annonçaient une indignation collectivement canalisée dans un tourbillon qui ébranlait les colonnes des classes dominantes.

Si ma dernière chronique avait un accent sur la continuité entre le capitalisme néolibéral et le technofascisme actuel, c’est bien pour faire face à la tempête et se préparer aux luttes. En même temps, je nous souhaite de semer dès maintenant ce qui permettra d’enraciner d’autres rapports sociaux et de liens avec le vivant. De travailler moins, de travailler tout le monde, de produire ce qui est nécessaire et de redistribuer tout. Comme horizon en décidant ensemble.

Les monstres n’existent pas, ils ne sont que l’ombre projetée de ce que nous sommes (Aurélie Lanctôt). Je ne veux pas dire que nous méritons ou que nous sommes également responsables de ce qui arrive avec les terribles empereurs politiques et socioéconomiques qui nous affligent. Ces rois immobiliers, financiers, de la télé et des icônes du succès et de l’innovation que sont les Big Tech ont gagné en puissance et en glorification des années avant la situation actuelle. Et ils étaient valorisés comme l’élite, la crème de la crème de la médiocratie. Avec des principes et une éthique aussi volatile que les prochains résultats financiers. Socialement, nous leur avons donné la courte échelle pour nous dominer avec leur économie et ces lois qui sont tout sauf naturelles.

Qu’est-ce qui a été semé ces dernières décennies, voire ces derniers siècles? Le Canada actuel, la force de son dollar et de ses richesses repose sur l’exportation d’énergies fossiles, de véhicules motorisés individuels, de métaux extraits et transformés, de matières extraites des forêts sans oublier les chers avions d’affaires dont le Québec inc. est si fier. Dans sept générations, que restera-t-il de cette richesse et de ces territoires? Cette question, je doute que les économistes conseillers des compagnies et des gouvernements l’aient en tête. Productivité, innovation et diversification des marchés sont vues comme le seul langage possible. Quand on croit à la divinité de la croissance infinie. Amen.

En ce printemps, en contraste, pour se changer les idées, se salir les mains de terre sans produits toxiques et entrevoir ce que nous voulons récolter cet été et cet automne, c’est le temps des semis ! Je vous conseille de choisir des légumes plus faciles et nourriciers si vous débutez. Par exemple, en pot, les tomates cerises, les cerises de terre, le basilic et autres fines herbes, les poivrons et piments forts ainsi que les haricots nains risquent d’être un succès même avec peu d’espace. Il est nécessaire d’avoir un balcon relativement ensoleillé, des pots, du terreau à semis et du compost de qualité sans oublier les semences !

Si vous ou vos proches avez un terrain, pourquoi ne pas mettre des pots ou des bacs sur vos espaces gazonnés ensoleillés ou même les transformer en espaces jardin en pleine terre ? Pour faciliter cette transition et éviter de détourber (ce qui est possible, mais ardu), je vous conseille de mettre une toile d’occultation un an voire deux sur les espaces voulus. Moins d’entretien de gazon et plus de légumes pour vous ! Pour les semis directs, les pois sucrés et les épinards peuvent être semés fin avril début mai même si les gels sont possibles. L’important c’est que le sol soit dégelé et amendé avant de procéder, alors choisissez une fenêtre météo douce. Dans cet esprit, vous pouvez semer à la mi-mai laitues, carottes, navets, chou-rave, chou-kale et betteraves tandis qu’il est mieux de patienter début juin pour les haricots, concombres, courgettes et courges. Toutes ces plantes sont excellentes en termes nourriciers et relativement faciles.

Il est possible de démarrer les semis intérieurs de la mi-mars à la mi-mai, tout dépendamment des plantes. La mi-avril pour les tomates. Ou pour économiser sur les lampes et l’espace intérieur, il est possible de chercher les transplants dans plusieurs fermes locales à la fin mai. Pour vous procurer vos semences, je vous conseille une ferme semencière locale, Les Jardins de la Gaillarde. Une riche section info jardinage vous accompagne dans vos semis et votre planification, et ce, gratuitement. Les semences de la Ferme coop Tournesol et des Jardins de l’écoumène sont aussi disponibles à la Coop Alentour.

Semer la biodiversité et cultiver des jardins vivants. N’oublions pas que cette production n’est pas notre création, mais bien notre accompagnement de la vie qui se déploie depuis des millénaires. Pour le faire collectivement et si vous n’avez pas de balcons, terrains et peu de moyens, les jardins collectifs sont une forme intéressante pour apprendre et créer des liens.

Écrivez aux AmiEs de la Terre de l’Estrie qui anime plusieurs de ces jardins dans la ville : info@atestrie.com

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