Chronique de char : La route, la liberté?

Date : 11 février 2025
| Chroniqueur.es : Patrice Côté
Catégories :

« À cent milles à l’heure sur la route 11 », cheveux au vent, je roule au volant de ma Porsch Yaris, avec ma blonde. Comme dans une pub de char où il n’y a jamais de trafic. Quel sentiment de liberté. La route nous appartient… ou presque. »

Dans les publicités automobiles, on nous vend un rêve : celui de la liberté. Comme dans les vieilles pubs de cigarettes, on nous transporte dans des paysages grandioses, plus grands que nature. Mais si, dans un instant de lucidité, le temps d’un effort, d’un soupir empathique, on réalisait que les voitures ne sont pas si viables pour nos poumons… verts?

Imaginez un monde où les publicités pour voitures seraient accompagnées d’avertissements, tout aussi crus que ceux sur les paquets de cigarettes. Des messages exposant leurs impacts environnementaux, sociaux et économiques :

« La pollution de l’air causée par les voitures tue 14 600 Canadiens chaque année. »

« Les particules fines affectent vos poumons. »

« Les gaz d’échappement augmentent le risque de maladies respiratoires. »

« Votre voiture coûte plus de 15 % de votre revenu annuel. »

« Plus de voitures, moins d’espaces verts. »

« L’étalement urbain détruit nos communautés. »

« Acheter une voiture neuve alimente l’obsolescence programmée. »

« La fabrication de ce véhicule a nécessité des minerais extraits dans des conditions inhumaines. »

« Les accidents de la route causent 1 745 morts par année au Canada. »

« Chaque trajet en voiture augmente vos risques d’accident. »

« Une voiture ne vous rend pas libre, elle vous enchaine. »

Et si ces messages figuraient aussi sur des panneaux d’autoroute? Peut-être nous rappelleraient-ils que la prétendue liberté offerte par la voiture a un prix bien caché.

Revenons-en aux fameuses publicités. Aujourd’hui, les paysages luxuriants font souvent place à des décors apocalyptiques. La peur et l’insécurité sont devenues des leviers puissants pour vendre des VUS et des 4×4. Ce sont eux, nous dit-on, qui nous permettront d’affronter un monde hostile. Mais sommes-nous vraiment libres?

À quoi ressembleraient nos routes aujourd’hui si, depuis les années 1920, la publicité avait glorifié la bicyclette plutôt que la voiture à essence?

Quel sentiment de liberté que de rouler au guidon de ma bécane avec ma blonde, cheveux au vent. « On se disait, c’est pour demain. J’oserai, j’oserai demain. Quand on ira sur les chemins, à bicyclette. »

 

Partagez :

facebook icontwitter iconfacebook icon