Cet homme au grand nez

Date : 12 février 2019
| Chroniqueur.es : Jean-Benoît Baron
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Cyrano de Bergerac demeure encore à ce jour, l’une des pièces de théâtre les plus populaires de la littérature française. Écrite en 1897 par Edmond Rostand, elle a été jouée maintes fois avant d’être adaptée à l’Opéra, au Ballet, en bande dessinée et bien sûr, au cinéma. Le film, intitulé simplement Edmond, du réalisateur Alexis Michalik, raconte la genèse de l’œuvre et de son créateur original.

Le film Edmond est avant tout une comédie. Il faut savoir également que cette histoire a d’abord été créée au théâtre en 2016 et mise en scène par Michalik, avant d’être adaptée au cinéma, faute de trouver un réalisateur à l’époque. Le tout, porté à l’écran, nous donne un biopic des plus traditionnels, mélangeant humour et romance. On réussit tout de même à sortir de l’aspect théâtre, sans que le film devienne un huis clos, comme c’est souvent le cas dans des pièces adaptées au grand écran. Dès les premières images, nous nous retrouvons dans un Paris idéalisé du 19e siècle, recréé grâce aux images de synthèse. Il faut préciser que le film a été tourné en République tchèque. Le résultat est convaincant et la qualité photo est superbe. Les costumes flamboyants et la musique classique viennent accentuer la représentation donnée de l’époque.

La distribution est composée de Thomas Solivérès dans le rôle-titre. Ce dernier est méconnaissable et a subi toute une transformation pour interpréter l’auteur de Cyrano. Il a le sens du comique et joue un Edmond fort attachant. Olivier Gourmet quant à lui, porte sur ses épaules le rôle de Constant Coquelin, le tout premier interprète de l’histoire à avoir joué Cyrano. Il est convaincant, drôle également, mais n’arrive pas à nous faire oublier la sublime interprétation de Gérard Depardieu, dans le film de 1990. Clémentine Célarié, pour sa part, joue avec brio le rôle de la grande actrice française Sarah Bernhardt. Alexis Michalik interprète le personnage de Georges Feydeau. Dominique Pinon y joue le personnage de Lucien, le régisseur. Lucie Boujenah, Alice de Lencquesaing et Tom Leeb apparaissent également au générique. Pour ma part, celui qui m’a fait le plus rire, c’est Igor Gotesman, dans le rôle de Jean, le fils de Constant Coquelin. Il interprète un personnage naïf, coincé et malhabile sur scène. Tous les personnages du film ont ce petit quelque chose qui les rend drôles et attachants à la fois. C’est la force et la faiblesse du film, à mon avis. C’est-à-dire qu’on ne s’ennuie pas une seule seconde devant ses personnages plus grands que nature, mais on se questionne tout le long des 110 minutes, pourquoi les personnages sont si caricaturaux? Pourquoi autant d’humour? Pourquoi autant de raccourcis, qui nous rappellent constamment que le tout est arrangé avec le gars des vues? Certes, la comédie nous sort des biopics dramatiques qu’on a pu voir maintes fois au cinéma et permet de bien ricaner devant ces scènes rocambolesques, comme cette rencontre improbable entre Rostand et Chekhov dans un bordel. Toutefois, nous aurions aimé connaître davantage les humains qui se cachaient derrière toutes ces couches, qui font des héros d’Edmond, des personnages théâtraux et qui se rapprochent davantage du vaudeville que du drame. Il y a cette scène, lors du début de l’Acte V, où nous sortons des murs du théâtre, pour nous retrouver dans un décor naturel. C’est probablement le seul moment dramatique du film, où nous nous retrouvons dans la vérité de l’émotion. J’aurais aimé voir davantage de scènes comme celle-ci.

Malgré tout, Edmond n’est pas un mauvais film, mais n’est pas non plus un film qui en vaut tant le détour. C’est une comédie!… C’est un spectacle!… C’est une super-production!… Que dis-je, c’est une super-production ?… C’est du cinéma!

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