La rentrée de septembre sera le début d’une troisième campagne électorale en trois ans, avec en octobre l’élection des représentants à la Chambre des communes du Canada, après les élections provinciales de l’année passée et les élections municipales de novembre 2016. C’est vrai que c’est un peu chien de parler de la rentrée alors que les vacances d’été ne sont même pas entamées, mais les campagnes victorieuses s’organisent en amont et une prime à la victoire est souvent accordée au candidat.e qui dès la fin du mois d’août fait les sorties les plus marquantes.
Quand on aime bien chialer sur la direction que prend le Monde, les élections sont quand même le moment parfait pour mettre son chialage en actes concrets. Et parmi les mille et une bonnes raisons d’être mécontent de l’action de nos gourvernant.es, la question environnementale est une préoccupation majeure pour tous les citoyens et citoyennes qui souhaitent participer à la construction d’un monde viable et pérenne. Et les trois paliers de gouvernement permettent tous d’agir de manière concrète pour changer la donne dans notre façon de vivre et de produire.
Un conseil municipal un peu visionnaire et courageux a les textes de loi de son bord pour stopper l’étalement urbain, protéger les terres agricoles et mettre en place un réseau de transport en commun accessible et surtout efficace. Lorsque la ville de Sherbrooke adopte la «déclaration universelle d’urgence climatique» et qu’un mois plus tard ce même conseil municipal vote la vente d’un parc sur les berges de la rivière Saint-François au profit d’un projet immobilier, on a la preuve que nos dirigeants municipaux ne prennent pas cet enjeu au sérieux.
Lors du conseil national de la Coalition avenir Québec, le premier ministre François Legault, sous la pression de Dominique Champagne et des signataires du Pacte pour la transition, a présenté le «virage vert» de son parti. Un virage qui a tout de la ligne droite «droit dans le mur» et le «vert» est regardé au travers des lunettes roses de «l’urgence pragmatique» qui doit concilier «environnement et économie». François Legault se met au vert avec 15 ans de retard et ressort les méthodes d’il y a 15 ans. Celles qui nous ont menés où nous en sommes aujourd’hui. Ce que M. Legault appelle «l’économie», c’est l’ensemble des intérêts industriels actuels! Parce que construire une nouvelle ligne de métro à Montréal, c’est aussi de l’économie. Mettre en place une législation qui lutte drastiquement contre l’obsolescence programmée de toutes nos bebelles plus ou moins indispensables (et malheureusement parfois plus que moins) c’est aussi de l’économie. Et aller faire un tour dans un écocentre et voir la pile d’outils électroniques dépassés et inutilisables alors qu’ils étaient au top des ventes il n’y a pas 5 ou 10 ans, c’est aussi se donner une expérience «pragmatique» du gâchis et de la vacuité du modèle économique auquel nous participons tous les jours et que nos dirigeants ne veulent surtout pas modifier.
Le gouvernement fédéral est le palier gouvernemental qui a signé l’ensemble des accords internationaux sur le climat, dont l’accord de Paris qui limite l’augmentation de la température à 1,5°C par rapport à l’époque préindustrielle. Avec Justin Trudeau, le Canada tournait le dos à l’archaïsme de Stephen Harper et se dotait d’un premier ministre jeune, affichant un esprit résolument ouvert et moderne, et dont on pouvait attendre une politique plus proche des préoccupations de gens de sa génération. Au final, la promesse d’une réforme du mode de scrutin a été jetée aux orties, et notre cadeau de consolation a été de racheter à une compagnie privée un pipeline à 4,5 milliards de dollars.
L’offre politique résolument progressiste et environnementale au fédéral est famélique et il nous faudra malheureusement choisir le moins pire. Mais il faut qu’autour de nous nous fassions passer le message des dangers colossaux que représentent pour notre avenir commun les choix du productivisme et du «business as usual». Alors cet été encore, on lâche rien!