Sélection de janvier (par la librairie Les Appalaches)
La ville nous appartient, Justin Fenton, Édition Sonatine, 2022
Baltimore, début des années 2000: ville avec le plus haut taux de criminalité aux États-Unis. Justin Fenton, alors reporter chargé des affaires criminelles, va enquêter sur une unité spéciale d’agents en civil chargés de « nettoyer » les rues avec pour mot d’ordre : tolérance zéro. Intimidation, procédures illégales, fausses preuves, accusations mensongères, vol organisé et revente de drogues… Sous nos yeux est exposé un système bien en place et pratiqué en toute impunité durant des années par des agents de police, qui aboutira finalement à des procès retentissants en 2017 pour corruption et racket en bande organisée. Justin Fenton nous livre un travail d’enquête minutieux au jour le jour, année après année. Les faits accompagnés de témoignages de victimes, inspecteurs, juges, et policiers nous plongent dans un univers (malgré tout) fascinant. Un récit d’enquête qui se lit comme un roman noir à suspens !
La méduse, Boum, Édition Pow pow, 2022
Odette est une jeune femme indépendante qui commence à faire son propre chemin dans la vie. Ses parents désapprouvent qu’elle ait abandonné l’université, mais Odette est très contente de son travail de libraire qui lui permet de payer son appartement et de vivre sa vie comme elle l’entend.
Mais Odette doit aussi maintenant vivre avec une méduse dans son œil. Elle décore tous les moments de la vie d’Odette désormais. Dans les choses ordinaires, dans celles qui secouent son monde ou dans les moments de bonheur enivrant : toujours une méduse dans le champ de vision… Au long du récit les méduses vont se multiplier, entravant la vision du lecteur lui-même, le rendant littéralement aveugle. Comme Odette en fait.
Le dessin de Boum, en ligne claire et en noir et blanc, est superbe et captivant. Le trait est d’une grande précision et très dynamique. La méduse est un récit émouvant qui raconte comment la vie nous réserve des surprises dont on se passerait, et qu’on apprend à être cool avec ça quand même.
En bas de la côte, Jules Gauthier, édition Omri, 2022
En bas de la côte est un projet photo réalisé pendant la pandémie par le photographe Jules Gauthier. Ce dernier, en quête d’un projet, a choisi de mettre en lumière les quartiers populaires du Centre-Sud et d’Hochelaga-Maisonneuve.
C’est donc dans ses photos riches en couleurs, éclatantes du soleil d’été et d’une clarté incomparable que Jules expose les visages et les lieux les plus méconnus de cet « autre monde ». Malgré l’embourgeoisement graduel de ces quartiers, la présence des gens défavorisés et les conséquences qu’ils en subissent est indéniable lorsqu’on regarde par la lentille du photographe.
En plus de ses photos sans détours, En bas de la côte nous offre une suite poétique d’auteur.e.s qui habitent le Centre-Sud et Hochelaga tels que Marc-André Foisy, Charlotte Francoeur, Laurence Gagné et Étienne Prud’homme. Il est donc possible, tant par la photo que par les mots, de mieux comprendre l’univers de ces quartiers populaires et d’apprécier l’hommage qui leur est témoigné.