C’est après nous avoir offert les excellents Le vendeur et Le démantèlement, que Sébastien Pilote nous revient avec sa toute nouvelle proposition : La disparition des lucioles. Cette fois-ci, il aborde une période ingrate de l’évolution humaine, celle de l’adolescence. Campée dans une banlieue industrielle et côtière du Québec, Léonie, jeune adolescente marginale, vit sa dernière année au secondaire. Poussée par sa mère et son beau-père pour se trouver un emploi d’été, elle fera la rencontre amicale de Steve, plus âgé qu’elle, qui est également un professeur de guitare sans ambition, vivant dans le sous-sol de sa mère.
C’est Karelle Tremblay qui interprète brillamment le rôle de la jeune Léonie. Elle apparaît dans pratiquement tous les plans du film, c’est donc elle qui porte tout le poids du récit sur ses épaules. Dès les premières images où elle apparaît à l’écran, nous sommes tout de suite charmés par son air nonchalant et non conformiste. Le personnage de Steve est campé par Pierre-Luc Brillant, qui enfile une fois de plus son habit de bum, dans un rôle d’une espèce de Tanguy au manteau de cuir. La mère de Léonie est jouée par Marie-France Marcotte et celui de son beau-père, un animateur de radio populaire, par François Papineau. Finalement, le père de Léonie est joué avec tendresse par Luc Picard, incarnant ici un ancien syndicaliste déchu, exilé dans le nord.
Le duo improbable de Léonie et Steve est l’élément le plus intéressant du film. Le récit aurait pu tomber dans des pièges faciles entre les deux protagonistes, mais au contraire, on nous emmène ailleurs et tout est joué avec peu de mots, simplement avec les subtilités des regards. Ça fait du bien également de se retrouver en région, dans les paysages verdoyants du Saguenay, dans notre cinéma trop souvent Montréalisé.
C’est un film hautement musical. Mention spéciale pour la musique diégétique (c’est-à-dire, par exemple, celle qui est jouée par les acteurs en place et où le son sort d’un amplificateur) et extradiégétique (c’est-à-dire, la musique d’ambiance qui accompagne le récit). Pierre-Luc Brillant, également musicien dans la vie, nous montre son talent pour la guitare, qu’il maîtrise avec finesse. La trame sonore orchestrale est mise de l’avant, d’une manière qui rappelle parfois les vieux films de Broadway. Il y a également la présence de pièces qui sont passé à l’histoire, passant de Félix Leclerc à Michel Rivard, ou de Rush à Voivod. Il y a un beau clin d’œil aussi pour les fans du groupe WD-40.
Nous aurions aimé en savoir plus sur le mystère qui entoure le personnage de Steve, qui semble toujours un peu trop inaffecté par ce qui lui arrive. Somme toute, La disparition des lucioles est un film qui saura plaire aux 7 à 77 ans, qui ont l’âme musicale et un peu bohème.