La gauche québécoise se retrouve aujourd’hui dans un contexte où l’horizon des possibilités nouvelles est tout à fait impressionnant. Les élections municipales qui viennent de s’achever montrent que des percées importantes sont possibles et que les conditions sont réunies pour que des bonds qualitatifs puissent se réaliser. Alors que Montréal vient d’élire sa première mairesse qui s’avère de surcroit être une femme progressiste, à Sherbrooke le parti Sherbrooke Citoyen a réussi à obtenir des pourcentages très intéressants dans les districts ainsi qu’à la mairie en proposant un programme environnementaliste, démocrate et féministe. Sur la scène provinciale, le rejet des deux vieux partis traditionnels tend à se confirmer et le PQ n’arrive même plus à faire compétition sérieusement malgré l’escalade démagogique de son chef. Ne proposant plus de démarche indépendantiste dans un premier mandat, mais bien dans un second mandat majoritaire consécutif, le parti de Jean-François Lisée est également connu pour son positionnement ambigu sur l’axe gauche-droite. Qu’attendre donc d’un parti incapable de s’affirmer clairement de gauche et indépendantiste et qui ne cesse de jouer avec le feu en ramenant constamment sur scène des débats aux dérapages xénophobes prévisibles?
Heureusement, dans ce contexte le fruit est mûr pour une réelle convergence des forces progressistes et souverainistes tant à Sherbrooke que dans l’ensemble du Québec. Tout ce qu’il manque pour qu’un véritable bond ait lieu, c’est la fusion entre Option nationale et Québec solidaire. À la lumière de ce qu’est l’histoire et la symbolique de ces deux partis, il est indéniable que quelque chose est sur le point de se passer. Ceci étant dit, il se trouve néanmoins beaucoup de personnes qui doutent de la pertinence ou de la capacité de cette fusion à changer concrètement le rapport de force politique au Québec. C’est dans l’optique d’expliquer précisément en quoi cette fusion qui prendra la forme de l’intégration d’ON comme collectif au sein de QS est souhaitable pour le développement d’une gauche indépendantiste forte que le présent plaidoyer a été rédigé.
Tout d’abord, notons que bien que Québec solidaire soit un parti dont le caractère souverainiste ne saurait être mis doute qu’il y ait fusion ou non, il faut avouer que l’intégration d’Option nationale comme collectif dans notre parti ouvre des perspectives franchement intéressantes. Les militantes et les militants d’ON ont prouvé à de nombreuses reprises qu’ils et elles maitrisaient à merveille les enjeux de la question nationale (lire Le livre qui fait dire oui pour s’en convaincre). Le fait qu’ils et elles puissent former un collectif spécialisé travaillant en profondeur cet enjeu afin d’outiller nos membres et donc, nos congressistes devrait nous réjouir. La fusion des deux formations politiques offrirait également une meilleure caisse de résonnance aux initiatives d’ON comme les capsules de dépistage de sophismes de Sol Zanetti ou encore l’université indépendantiste d’été. En misant sur une maximisation du potentiel de telles pratiques, c’est non seulement la souveraineté qui progresserait, mais aussi la qualité du débat politique au Québec. Un tel apport ne saurait être négatif, car il permettrait de renouveler et d’enrichir la réflexion indépendantiste dans une perspective post-PQ.
À ce sujet, il convient de faire remarquer que l’intégration d’ON dans nos structures serait probablement la meilleure façon d’envoyer un message clair aux progressistes et aux indépendantistes qui, dans le parti de Lisée, voient leurs aspirations être détournées et trahies depuis des années. Nombreuses et nombreux sont les membres de cette formation qui n’adhèrent pas à l’étapisme, à l’idéologie néolibérale ainsi qu’aux dérives identitaires de ce parti. ON reçoit une bonne part de la sympathie de ces personnes qui, pourtant, croient qu’il est plus stratégique de changer le PQ de l’intérieur. Intention louable qui échoue toutefois à produire des modifications concrètes. Quoi qu’il arrive, le parti de Lisée est voué tôt ou tard à s’éteindre à force de décevoir ses militantes et ses militants. Toutefois, une fusion d’ON et de QS accélèrerait très certainement le processus et il faut le dire, le temps presse pour que les progressistes et les indépendantistes prennent le pouvoir et changent le Québec.
En somme, l’intégration d’Option nationale dans Québec solidaire représente une opportunité inouïe de permettre à la gauche de faire une progression fulgurante. C’est en s’aidant mutuellement que les deux formations arriveront à faire du Québec un pays juste et progressiste. En fusionnant, QS et ON se donnent les moyens d’envoyer un message clair et de mettre à terre l’establishment étapiste et néolibéral et c’est pourquoi je nous encourage à voter en faveur de la fusion dans nos partis respectifs.